Réalisé par Catherine Gund et Daresha Kyi. Etats Unis. Documentaire. 1h30 (Sortie le 15 novembre 2017).
Piaf, Janis Joplin, Billie Holiday, Fréhel, Oum Kalsoum, ont une sœur mexicaine en larmes et en cris, quelqu'un qui porte à fleur de voix rauque le même malheur fier qu'elles.
C'est dans le tourbillon de sa légende, de son mythe et de son destin que l'on va être emporté dans "Chavela Vargas" de Catherine Gund et Daresha Kyi.
Tout commence dans la beauté noir et blanc du Mexique des années 1940. Acapulco est à une portée de Hollywood pour les belles Américaines avides de sensations fortes et de toréros puissants.
La jeune Chavela Vargas, qui ne calculera jamais rien, leur propose déjà son chant pur et sans concession. En poncho rouge, elle est l'idéale interprète de la chanson "ranchera", celle que sert à merveille le grand compositeur José Alfredo Jimenez...
Documentaire foisonnant, "Chavelas Vargas" traverse la vie de la chanteuse dans tous les sens. Le sujet est si envoûtant qu'on se moque presque de la manière dont il est traité. Chacun des chapitres est une ode à un personnage droit comme un "i", d'une force et d'une liberté rares. Son homosexualité jamais cachée côtoie son alcoolisme toujours assumé.
On ne s'étonne ni des hauts ni des bas dans ce grand livre d'images propice à toutes les échappées belles. Et l'on n'est pas non plus surpris d'y entendre prononcer les noms d'Ava Gardner, d'y voir Chavela en compagnie amoureuse de Frida Kahlo, d'y découvrir en ange gardien un Pedro Almodovar nourri de son chant.
Riche en clichés multicolores et en chansons qu'on a pu justement entendre dans les films du madrilène, comme "Volver" ou "La Fleur de mon secret", "Chavela Vargas" de Catherine Gund et Daresha Kyi couvre les soixante-dix ans de carrière aux mille péripéties baroques de la diva mexicaine.
A la fois icône LGBT et idole populaire, elle a toujours été sincère, n'a jamais agi pour construire ou consolider sa légende. Qu'on parle ou pas espagnol, on sent qu'elle est totalement authentique, qu'elle n'a jamais poussé son art vers l'affectation et la manière.
Après ce documentaire solide qui la fera mieux connaître hors la sphère hispanophone, on peut penser que Chavela fera l'objet d'un "biopic". Si tel était le cas, il faudrait l'accepter car elle a rejoint le petit cercle des personnages qui fournissent à Monsieur ou Madame-tout-le-monde de quoi rêver ou admirer. |