Biopic écrit par Bérengère Dautun, mise en scène de Anne Bouvier, avec Bérengère Dautun et Sylvia Roux avec Berengère Dautun et Sylvia Roux.
Bérengère Dautun a décidé de rendre hommage à l'écrivaine Lou-Andréas Salomé, Lou Von Salomé pour l'état-civil. Née à Saint Petersbourg en 1861, morte à Göttingen en 1937, cette écrivaine est connue surtout pour ses amitiés (Freud) et ses amours (Nietzsche, RIlke), et plus pour sa correspondance que pour ses romans et essais. D'ailleurs, dans "Cantate pour Lou Von Salomé", la plupart des textes interprétés par Bérengère Dautun et Sylvia Roux proviennent de cette abondante correspondance. On connaît le talent incomparable de Bérengère Dautun pour lire ou dire les grands textes. Les quinze tableaux qu'elle consacre à la vie de Lou ne faillissent pas à cette affirmation. Elle entraîne le spectateur dans une "ronde" trépidante tout autour de cette vie bien remplie. Sur la scène, elle va d'un objet à l'autre, d'un cheval de bois à une veste d'uniforme, pour faire découvrir ou mieux connaître Lou à ses spectateurs. Ces quinze tableaux sont annoncés discrètement sur une toile au centre de la scène par des photos ou des vidéos. Dans chacun des tableaux, les deux actrices, dans la même tenue noire, qui fait d'elles des vestales au service des arts et à la gloire de Lou, jouent différents personnages. Sylvia Roux est essentiellement Lou. Une Lou souvent exaltée, qui vit un grand amour avec Rilke, s'initie à la psychanalyse et devient une intime de Freud. Face à elle, il suffit à Bérengère Dautun de chausser des lunettes rondes à la monture noire pour devenir son grand ami Sigmund Freud. Toujours plaisante, malgré son didactisme assumée, cette "Cantate pour Lou Von Salomé" mise en scène par Anne Bouvier apprendra beaucoup de choses au spectateur, même si Bérengère Dautun n'est pas une historienne et n'a pas la prétention de recréer son existence dans une totale exactitude universitaire. Elle a préféré prendre le parti-pris de l'artiste, de ses emportements, de la flamme créatrice qui la dévore. Sa "Lou" est sublimée et on sent qu'elle aimerait qu'on la trouve sublime. Ce ne sera sans doute pas le cas, mais personne n'oubliera ces deux femmes en noir, toujours frémissantes quand elles parlent de Lou Andréas-Salomé. Elles atteignent largement le but presque féministe qu'elles se sont assigné : rendre la place qu'elle mérite à cette femme qu'elles ont su rendre admirable. |