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Liliane Zylbersztejn  (Editions Odile Jacob)  janvier 2018

Sous-titré "La haine, l'amour, la vie", "Itinéraire d'un enfant maltraitée" de Liliane Zylbersztejn pourrait n'être qu'un témoignage poignant. Cependant, celle qui apparaît sous les traits de Lidia propose plus à tous ceux qui, à son image, ont été peu gâtés par la vie.

Elle leur ouvre une voie, qui pourra paraître singulière, même si elle est d'un "extrême bon sens", pour surmonter l'épreuve odieuse de la maltraitance et cela en évitant de transmettre à leur descendance le traumatismes d'une enfance martyr.

Petite fille sous l'Occupation, Lidia est née dans une famille traquée par les nazis. Mais, au contraire d'une grande partie de ses proches, elle échappera à la persécution et passera quelques années en Suisse.

Raconter comme ça, on aura l'impression qu'elle est une chanceuse et, qu'à l'aube de son adolescence, après avoir évité la Shoah, tout devrait être lui paraître supportable. Sauf qu'elle n'est pas qu'une "rescapée" et qu'elle portait déjà en elle, avant guerre, le poids d'un papa pas connu, mystérieusement évaporé et, qu'après 1945, quand elle retrouve sa mère, celle-ci est avec un autre homme que, pour bien des raisons qu'elle découvrira peu à peu, et toujours avec la même désespérance, ce beau-père et sa mère vont trouver en elle, la souffre-douleur idéale, celle que l'on maltraite, voire que l'on aime maltraiter.

Alors que sa sœur Marthe se soumet à la tyrannie de ce couple reconstitué, nourri d'un passé d'une noirceur qui sidère, Lidia, elle, va pendant des années endurer les coups et les sévices, "enrichis" par les révélations distillées avec une certaine perversion par cet homme qui théoriquement aurait dû lui faire office de père. Aux violences diverses subies par le corps, il ajoute de nouvelles blessures à l'âme de la fillette en train de se transformer en femme.

C'est alors que Lidia "trouve" la solution qui prend la forme de ce qu'elle appellera "la haine salvatrice" quand elle sera devenue psychanalyste.

Endurcie par ce qu'elle vit, ayant la force de ne pas abdiquer son moi sous les coups, de se résigner à subir sa mauvaise étoile, elle part d'une intuition qui paraîtra presque sacrilège à beaucoup : on n'est pas forcé d'aimer ses parents, d'autant plus s'ils sont des tortionnaires domestiques.

Dans le cas de Lidia, cela semble évident : en refusant la loi de l'amour filial obligatoire, en changeant l'amour en haine, elle devrait pouvoir "tenir" toutes les années où elle est légalement obligée de vivre avec "ses" parents.

Une fois, cette pensée acquise, Lidia n'en est pas au bout de ses peines car elle ne pourra s'émanciper par les études que "ses" parents l'empêchent de faire. Devant travailler à 14 ans, il lui faudra mener aussi un combat pour, plus tard, reprendre le chemin de l'étude, pour obtenir le niveau nécessaire pour devenir in fine enseignante, psychanalyste et psychodramatiste.

Elle comprend aussi très vite que la "libération" par la haine qu'elle appelle "protectrice et salvatrice" ne suffit pas, qu'elle doit par ailleurs poursuivre son travail de résilience. Elle s'appuie pour cela si la figure tutélaire de son grand-père, l'être qu'elle a sans doute le plus aimé, et sur le souvenir des familles suisses qui l'ont "dorlotée" aux temps sombres où elle était loin de sa famille persécutée.

On le redit : "Itinéraire  d'une enfant maltraitée" de Liliane Zylbersztejn n'a pas vocation à simplement expliquer comment une petite fille s'est sortie du malheur dans lequel elle était physiquement et mentalement engluée. Il s'agit aussi de fournir un cadre à ceux qui connaissent des destins eux aussi marqués par la maltraitance.

Dès lors, l'auteur spécifie bien qu'il ne faut pas s'arrêter à la haine, qu'en la qualifiant de "salvatrice", cette "mi-haine" comme elle dit, peut finir par être suspecte. Il ne faut pas en jouir. C'est une étape pour se reconstruire du côté de la vie le plus vite possible, en essayant de n'en point garder de séquelles.

Liliane Zylbersztejn pense surtout aux générations suivantes : on ne doit pas transmettre le traumatisme. C'est ce qu'elle s'est évertué à faire et c'est ce qui est finalement le plus important. "Comment transmettre de l'amour à ses enfants quand pour se protéger on reste dans la haine ?" explique-t-elle.

Toute son existence aura eu pour but de se sortir de la haine, de la retourner pour aller vers l'amour, vers la vie. En lisant ce livre fort, qui réussit sans contestation possible à être du côté de la vie, pour construire une Vie qui mérite une majuscule, on éprouvera de l'empathie et de l'admiration pour cette petite fille devenue une grande dame. D'autant plus qu'elle ne cherche jamais à se mettre en avant pour un parcours tout de même hors du commun. Sa modestie est le garant de sa vérité.

"Itinéraire d'une enfant maltraitée" deLiliane Zylbersztejn est un livre utile, chaleureux, qui fera du bien à ceux qui ont connu pareil destin et que résume parfaitement le beau propos d'Aharon Appelfeld, le grand écrivain israélien récemment disparu, qui est cité quelques pages avant la fin de l'ouvrage : "Le passé, même le plus dur, n'est pas une tare ou une honte mais une source de vie"

 

Philippe Person         
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