Céline Lapertot s'est résolument inscrite en littérature avec "Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre" publié en 2014 aux Editions Viviane Hamy qui posait les fondamentaux d'une écriture engagée et ancrée dans le monde contemporain : la défense des grandes causes humanistes, la défense des victimes innocentes, le refus de la sauvagerie et de la barbarie et la nécessité de la résistance et l'écriture comme acte de résistance.
Après la maltraitance des enfants dans l'opus précité et celles des femmes considérées dans les conflits ethniques tant comme champ de bataille, armes de guerre et tribut ("Des femmes qui dansent sous les bombes"), Céline Lapertot aborde celle des migrants.
Et, de nouveau, une figure féminine compassionnelle constitue le personnage pivot de "Ne préfère pas le sang à l'eau" qui ressort à la fable dystopique.
En l'espèce une fillette appartenant à une tribu condamnée par la sécheresse et la pénurie d'eau à quitter son pays pour rallier la nouvelle Terre promise, le petit pays industrialisé de Cartimandua qui va tombé sous régime dictatorial qui dispose d'une grande réserve d'eau contenu dans la Grande Citerne érigée en idole par l'enfant.
Sa brève vie est rapportée par un adolescent écrivain à qui la mère a inculqué le goût des livres et enseigné un idéalisme radical - "on se doit de crever pour nos idées et notre amour" - qui milite dans une dissidence qui n'est pas activiste par la violence mais par la plume car "la liberté se construit un stylo à la main".
Le roman se déploie par entrelacement des récits de plusieurs protagonistes qui abordent une pluralité de thématiques dont la xénophobie et la dénonciation des discriminations et égoïsmes pour célébrer les vertus de l'altérité et du partage dans une langue
L'écriture à vocation compassionnelle de Célibe Lapertot s'épanouit dans une écriture qui puise dans les richesses tant lexique et syntaxique de la langue française pour forger une prose lyrique voie élégiaque mais sans affectation qui, au plaisir de la lecture, ajoute l'incitation à la réflexion pour que son exhortation à l'accent biblique soit exaucée. |