"Qu'importent en fin de compte les événements en tant que tels ! Ce qui compte, c'est le système de représentations à travers lequel on les observe, et le système personnel dans lequel on les insère". L’homme sans qualités, Robert Musil
"C’est une chose qu’on veut dire la nuit, une chose qu’on sent quand on est seul et qu’on se déshabille, une chose qu’on sent quand on prend des trains : nous ne saurons jamais comment vivre mais nous y mettrons toutes nos forces"
Le temps des utopies, des collectifs ouverts ne serait donc pas terminé ou est-ce la résurgence de Mai 68 ? Formé en 2015 par Blandine Rinkel, écrivaine et chanteuse et Pierre Jouan, musicien et compositeur, avec un nombre de ses membres pouvant évoluer (chacun faisant de la chanson, du cinéma, du théâtre, écrivant…) pas tout à fait collectif, tendant vers une sorte de mouvement, assez éloigné de la notion simple de groupe, plutôt un espace d’échange multidisciplinaire (un livre est paru également chez Pauvert), Catastrophe bouscule avec délectation nos petites habitudes musicales.
La nuit est encore jeune est le résultat d’un projet ambitieux, loin de tout aphorismes béats ou d’une posture consistant à vouloir sonner trop facilement de manière subversive mais plutôt avec l’envie de prendre les chemins de traverses ou ceux encore vierges. C’est un disque forcément à part, étrange, théâtral, atypique et surprenant. Avec des partis pris esthétiques totalement assumés. C’est ce qui fait la force et la beauté de ce disque. Nous embarquer vers quelque chose d’autre et de le faire avec une totale conviction, et un brin d’humour également.
Il y a ici une folle élégance (Bertrand Burgalat n’y est sûrement pas pour rien), de l’audace, il ne tient à pas grand-chose qu’une certaine fragilité ne se transforme en grandiloquence. Une célébration du sensible comme la traversée d’une nuit, qui est un peu l’idée trame de ce disque. Une histoire de sensation, de sensibilité. La nuit est encore jeune interpelle, parle de ces choses qu’on ne peut dire à personne.
L’ensemble touche à de nombreux styles : la pop, le cabaret, poésie électronique, Lied, abstraction, groove, polyphonies vocales. Rien ne se perd, tout se transforme. Mais rien de décousu, bien au contraire et tout reste très mélodique. Et puis, naturellement il y a un soin très important apporté aux textes qui en deviennent très littéraires, poétiques. C’est une histoire de renaissance, d’abandon et de son refus, c’est un manifeste où il est libre de douter, c’est le tragique et l’envie de façonner un autre futur, "un rendez-vous donné à notre propre avenir". "Nous ne saurons jamais comment vivre mais nous y mettrons toutes nos forces".
Qu’on l’aime ou pas, avec son envie de proposer un véritable propos, avec son regard sur le monde, ses prises de risques esthétiques, voilà un disque nécessaire.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.