Monologue dramatique d'après une nouvelle de Simone de Beauvoir interprété par Josiane Balasko dans une mise en scène de Hélène Fillières.
Rien de tel que la solitude un soir de réveillon, en tête-à-tête avec soi même, pour que se rompent les amarres existentielles et se produise une décompensation psychotique.
Situation que la romancière Simone de Beauvoir décline dans "Monologue", une des nouvelles formant le triptyque de "La Femme rompue" consacré à la femme vieillissante, dont Hélène Fillières assure et met en scène la transposition théâtrale.
Monstrueuse et/car douloureuse, une femme d'âge mûr à la dérive vilipende le destin qui ne l'a pas épargnée ressassant le manque d'amour maternel, le mariage imposé, le suicide de sa fille, la séparation avec perte de la garde de son fils, dans un discours ambivalent dont il est difficile de savoir si elle est victime sacrificielle ou son propre bourreau.
Velléitaire faute de résilience, sombrant avec acrimonie dans la désillusion, la culpabilité et la paranoïa, elle se répand en fulminations, proférations et vitupérations tous azimuts, jetant l'anathème sur son entourage qui l'a ostracisée et abandonnée.
Hors le jeu de lumières de Eric Soyer, Hélène Fillières met en scène la partition dans le dénuement avec uniquement un lit qui pourrait être divan qui conforte l'ambiguïté d'une partition qui navigue entre délire asilaire, séance analytique et soliloques compulsifs et trace un portrait équivoque.
Cette femme brisée est superbement incarnée par une comédienne en contre-emploi. Josiane Balasko, actrice populaire dont le nom est indéfectiblement attachée à celui de la troupe du Splendid et dont la nature comique a décidé de son emploi, qui a déjà manifesté sa puissance dramatique au cinéma, la confirme sur scène et ce, dans une forme d'autant plus difficile que monologale. |