Ces jeunes normands sortirent leur premier disque il y a de cela cinq ans. Sorti chez l’important label anglais Bella Union (Beach House, The Flaming Lips, M Ward, etc.), cet album, "tubesque" de bout en bout, fit fortement parler de lui et connu un succès significatif.
Cela pouvait laisser craindre que la suite de l’aventure ne soit que reproduction de formules, de recettes, que le deuxième album n’en soit justement pas un : qu’il se limite à l’écriture de quelques tubes taillés pour de la synchro ("c’est gonflé"). Il n’en est rien, heureusement.
Ce deuxième opus (chez Vietnam Records – Chevalrex, Pharaon de Winter, etc.) se déploie et sonne d’une façon à la fois plus subtile, plus riche et plus complexe que le précèdent, qu’il s’agisse des structures des morceaux, des rythmiques, des arrangements ou encore du mixage.
Les morceaux semblent marqués par davantage de souplesse, de respiration et d’ampleur. L’entrée en matière est prometteuse (très loin de l’envolée tubo-punkette du morceau "Bornholmer" de leur album précédent). Message reçu !
Introduction à l’ambiance synthé analogique, puis batterie, les saxophones détonnent et attirent l’oreille, le "morceau commence" batterie battant sur tous les temps (et l’irrépressible envie de danser, à chaque fois), guitare comme on les connaît puis à mi-morceau changement d’ambiance.
Je ne vais pas décrire ainsi tous les morceaux ! Seulement souligner l’envie, ici perceptible, de ne pas commencer le disque par une certaine facilité. Les énergiques saxophones du trio Infernale Momus (duo saxophone et batterie) comme celui du souvent génial Thomas de Pourquery, n’y sont pas pour rien. Certains titres, d’ailleurs, raviraient ceux qui tiennent VKNG (projet électro pop de Thomas de Pourquery et de Maxime Delpierre) en haute estime.
Moins accrocheur (ce n’est pas un défaut) mais plus varié, plus complexe et plus inattendu (du moins pour la première moitié de l’album), ce disque est construit en trois temps : un premier moment ("Bring the Fire" / "Our Hearts") riche, rythmé, musicalement ouvert et assez dense ; puis vient une accalmie en demi-teinte aux morceaux plus mélancoliques ("Gone" / "Sometimes") qui laisse place à un final énergique dont le long et entêtant "On The Pavement".
Dans le premier extrait "The Lights", coloré d’harmonies orientales (tout come "Gone" ou "On the Pavement") s’immisce un saxophone free : c’est plutôt ambitieux pour un single ! D’autres morceaux ("Our Hearts", "The Quiet Ones") sont – mais sans que jamais cela ne soit appuyé et joue de la référence – empreints d’afro beat (le titre "Africanize" de leur premier opus annonçait déjà la couleur, quoi que de façon plus marquée).
Bien sûr, l’efficace base rythmique basse / batterie fonctionne à plein et les guitares telles que les fans de Concrete Knives les apprécient sont bien présentes.
En un mot, en comparaison à leur premier album Be your own king, Our Hearts est un disque plus ambitieux, moins immédiat, plus ambitieux aussi parce que moins immédiat, mais qui, à regrets, ne tient pas tout à fait ses promesses. En effet, ce qui dès les premières secondes du disque était annoncé et qui se présentait comme une voie à déployer, semble retomber à mi-disque. Exemple ? L’apport des saxophones disparait.
Hypothèse explicative : peut-être que ce disque se veut être un voyage (d’où les trois moments) comme un parcours cohérent parmi plusieurs univers. Mais alors l’ensemble est trop court (35 minutes) pour, sur ce point, convaincre tout à fait.
La déception n’est que très légère. On reste curieux et à l’écoute.
# 06 octobre 2024 : Sur un malentendu ca peut marcher
Beaucoup de choses à découvrir encore cette semaine en attendant la MAG#91 vendredi. Du théâtre, du cinéma, de la lecture et de la musique au programme, et toujours le replay de la MAG#90...Pensez aussi à nous suivre sur nos réseaux sociaux.