Comédie dramatique écrite et mise en scène par Adel Hakim, avec Hussam Abu Eisheh, Alaa Abu Gharbieh, Kamel El Basha, Yasmin Hamaar, Faten Khoury, Sami Metwasi, Lama Namneh, Shaden Salim et Daoud Toutah.
Adel Hakim, comédien, metteur en scène et directeur du Théâtre des Quartiers d’Ivry, y avait, en 2012, monté de manière émérite l'"Antigone" de Sophocle avec des comédiens du Théâtre National Palestinien.
En janvier 2017 avec la même troupe, et quelques mois avant son décès, il inaugurait la Manufacture des Oeillets, le nouveau lieu pour lequel il avait lontemps œuvé, avec sa dernière création, une tragédie contemporaine en miroir intitulée "Des Roses et du Jasmin", dont il signait le texte et la mise en scène avec la collaboration de Mohamed Kacimi pour la dramaturgie.
Artiste engagé et humaniste, il signe une oeuvre remarquable, quant au fond, sur le thème de l'intime, de la "petite" histoire familiale et de la "grande" Histoire avec majuscule car indique-t-il, quant à la fonction du théâtre, "l’essentiel est la manière dont un spectacle sollicite notre réflexion, nous pousse à nous interroger sur nos destins, collectif et individuel".
Et quand se croisent les convulsions historiques, l'amour et les engagements politiques, leurs intersections s'avèrent cataclysmiques et "Des Roses et du Jasmin" retrace le conflit israélo-palestinien de 1944 à 1988 à travers l'histoire transgénérationnelle d'une famille sur laquelle plane le faucon sioniste.
Adel Hakim a retenu pour ressort dramatique les thèmes du mariage mixte et des frères ennemis, en l'espèce décliné au féminin car il a choisi la femme, champ de bataille et victime sacrificielle en temps de guerre, comme angle de résonance.
En la forme, il a judicieusement opté pour celle de l'épopée brechtienne, mais sans l'anecdotisme naturaliste qui y est souvent attaché, qui se déroule en trois périodes dans le décor épuré et distancié de Yves Collet constitué d'un monumental cadre-écran central entouré de claustras translucides.
Elle est soutenue par l'imbrication des registres de la tragi-comédie, du cabaret et de la bouffonnerie, avec les intermèdes du choeur antique représenté par des duos de clowns tristes et de femmes "infernales", qui présidaient à la comédie-cabaret "Zone 6 - Chroniques de la vie palestinienne" qu'il avait conçu avec la même troupe.
Une troupe - Shaden Salim et Sami Metwasi (le premier couple), Amira Habash et Daoud Toutah (le second couple), Faten Khoury et Lama Namneh (les soeurs), Hussam Abu Eisheh et Kamel El Basha (les activistes) et Alaa Abu Gharbieh (le soldat) - dont la vitalité, la puissance et la palette de jeu conquièrent l'adhésion sans réserve du public. |