Monsters in love, dernier album de Dionysos (Babeth, Mathias, Mickaël, Guillaume et Eric rejoints par Stephan, régisseur, déjà musicien sur la dernière tournée), convaincra les sceptiques que le groupe n’est pas qu’une formidable bombe scénique.

La dernière livraison dionysiaque est certainement une des meilleures de la bande de Valence et un des événements de cette rentrée musicale.

La présence du sorcier John Parish (PJ Harvey, Eels, Sparklehorses..) aux manettes, a su rendre l’énergie live du groupe et laisser la porte ouverte à toutes les expérimentations sonores. L’orchestration et l’introduction de nouveaux instruments (ukulélés, violoncelles, glockenspiel..) confèrent à Monsters in love des atmosphères et des couleurs en harmonie avec l’univers du combo.

Fidèle à son esprit bricoleur, Dionysos sort du format guitare/basse/batterie et introduit ces nouveaux instruments tout en conservant leur énergie inimitable. Grâce à son ami Joan Sfar (dessinateur de bande dessinée : Petit Vampire, le Chat du Rabbin…), collectionneur de ukulélés, Mathias s’est pris de passion pour ce petit instrument, fil conducteur efficace sur "Tes lacets sont des fées" et "La métamorphose de Mister Chat".

Les 16 titres qui composent l’album, loin d’être un enchaînement sans âme, sont au contraire une suite remarquable de petits "films" sonores. On voit ainsi défiler "Giant Jack" (géant passeur vers le monde des morts), "Le retour de Bloody Betty Boop" (morceau engagé loin du simple exercice de style), "Broken bird", "Miss Acacia", "Tes lacets sont des fées", les brûlots rock "Lips story in chocolate river" et "Old child" (avec The Kills), le magnifique instrumental "I love Liou" … Dionysos demeure sans équivalent à l’image de Tim Burton pour le cinéma : des artistes remarquables et rares, capables de développer un univers singulier sans commune mesure.

Monsters in love est un album plus sombre que les précédents et s’inscrit dans la même ligne que le roman de Mathias, "Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi", ouvrage cathartique écrit suite au décès de sa mère. Il est à l’image du livre, passant du rêve au cauchemar, du cartoon délirant à la poésie triste. Les titres "Giant Jack", "Midnight letter" et "Neige", (très belle chanson), font le lien entre les deux supports.

Album génial et saisissant, Monsters in love est accompagné d’un DVD très bien fourni. Loin du bonus "gadget", cet extra regorge d’images. Notez plutôt : le concert complet du groupe à la Route du Rock 2004, un documentaire de 27 mn, la prestation live aux Victoires de la Musique 2004, bandes annonces, clip… Et pour compléter le tout, la pochette et les illustrations sont l’œuvre de Joan Sfar.

Que demander de plus ? Rien d‘autre, sinon le retour sur scène de ce groupe si attachant. Patience, décollage prévu le 1er octobre prochain.