Et si Bouddha était un parti politique et le pâté-cornichon bon pour la santé ? C’est probablement le postulat duquel est parti Charlie O. pour écrire cet album, solennellement intitulé M2. Et puisqu’il est la suite de Marguerite, et un hommage au musicien techno-dub Maurizio, allons-y.
Aux origines, "techno" était le mouvement fondateur des saccades électroniques responsables des épilepsies contrôlées de jeunes narcosés aux opiacés. Et puis le mec à la mèche travaillée et à l’index mélodique lui donna ses lettres de noblesse, lui ouvrant les portes radiophoniques et les oreilles de la population entre deux spots publicitaires.
Quant à "dub", il définit plus ou moins un gloussement de barbare rastafari un peu plus prononcé, à base de cadenettes pas encore dégueu et de mosaïque verte jaune et rouge.
Et Charlie O. ? Et bien Charlie O. prend un peu de ci, un peu de ça et fait sa cuisine. Dans le désordre, des odalisques ottomanes tout à fait pures s’élancent du haut du "Kajibo" en deltaplane de mousse au gingembre, et finissent enlacées avec des morues bien vivantes provenant de la mer Morte (en totale ébullition pour l’occasion).
Des vents, des carillons, des cymbales et des sacs de frappe, de l’électronique et de l’ancestral, et un orgue, oui, un orgue. Non, pas cet affreux personnage au borborygme incompréhensible, ça c’est un orque, mais cet espèce d’amas de tuyaux de cuivre rangés par ordre de grandeur. Un orgue. Instrument de prédilection des forts pieux et des ambiances Burtoniennes, l’orgue est un organe surprenant entre les doigts agiles de Charlie O.
Dans M2, il réussit à faire oublier les cavités de l’agnus dei et la gravité de circonstance habituellement provoquée par les sonorités de l’orgue, et nous emmène direct en Nouvelle Wallonie pour chevaucher des kangourous à trois pattes sur des plages de peanut non allergène.
Sans texte et sans parole autre que la voix des instruments, la musique de Charlie O. transporte dans des contrées habitées de curieuses créatures, sans chaussure et avec un mutli-pass pour l’au-delà. C’est avec une acuité certainement paranormale qu’il mixe et malaxe l’orgue, au point de le transmusicaliser en performance acoustique inédite et atypique.
Quarante minutes de flottabilité, entre transe ayurvédique et ouverture télécommandée de chakras mutants, M2 est un moment d’intense connexion avec les fibres invisibles.
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