L'Aeronef à Lille organisait dimanche une soirée... "canapé-couette". Deux concerts jazz aussi doux que de se glisser sous un duvet, de débrancher son cerveau et de laisser le regard se perdre dans la nuée de flocons hivernales tournoyant près de la fenêtre. Les dimensions standards de la mienne - de couette - n'auraient jamais pu couvrir les centaines de spectateurs venus applaudir GoGo Penguin. Mais qu'importe, c'etait tout comme. Le groupe les enveloppait dès leurs premières notes.
Le trio anglais parle peu. Mais il n'a pas peur de dire qu'il vient tout droit de Manchester, la patrie d'Oasis, des Smiths et de New Order. Car eux, les GoGo Penguin - le pianiste, Chris Illingworth, le contre-bassiste Nick Blacka, et le batteur Rob Turner - ont choisi le jazz. Du jazz qui galope, qui turbine, qui dépose l'auditeur sur son dos et l'emmène dans des paysages sans cesse différents. En tête de ce train-train : pianiste et batteur. L'un tricotant les notes, l'autre détricotant les rythmes. Et cette basse qui les soutient dans ce voyage doux et haletant. On finit par tournoyer comme ces flocons qui continuent de tomber... Parfois un solo virtuose nous sort de la rêverie.
Peu de pauses... peu de commentaires... peu d'echanges avec le public, GoGo Penguin, tout comme son nom, se prend tel quel, sans explications. Une dose de jazz qui réchauffe par ses soubresauts incessants.
En première partie, l'Aéronef avait amené sous les projecteurs le trio belge : Natashia Kelly. La chanteuse à la robe écarlate pose le ton dès son arrivée. Pourtant accompagnée d'un guitariste et d'un contrebassiste, la jeune femme en impose avec sa voix soyeuse tenor. Elle chante en anglais mais aussi "va-va-vaille", improvise, donne de son plus beau squat pour installer le cocon jazz. Et pourtant... la suite est un peu décevante, n'égalant pas le premier morceau. Natashia Kelly a pourtant une belle voix jazz qui fait vibrer. Peut-être faut-il encore attendre la suite.
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