Il y a quelque chose de l’ordre du mystère, de la profondeur, de l’intensité dans ce disque. Mystère dans les atmosphères, dans le caractère des œuvres pour violes et jusque dans la paternité même des pièces de Couperin, qui lui furent seulement récemment octroyées.
Lors de leur parution, ces pièces ne furent signées que des initiales F. C. C’est le musicologue Charles Bouvet qui, en 1919, en recoupant diverses informations (les initiales, les annonces sur le catalogue...) permit de savoir qu’elles étaient de François Couperin.
Mystère également avec La Chemise Blanche, dont la place après la Pompe funèbre reste encore soumise à discussion et dont on avance de nombreuses interprétations : victoire de Couperin sur Marin Marais comme l’avance en s’appuyant sur le dictionnaire de Trévoux et sur la définition de prendre une chemise blanche dans le jeu d’l’hombre (écarter les neuf cartes et en prendre neuf autres) du musicologue Philippe Beaussant ? Résurrection de l’âme (le motif ascendant des dernières mesures en majeur comme se projetant vers la lumière) ?
Intensité et profondeur également dans l’interprétation d’Atsushi Sakaï (viole de gambe), Christophe Rousset (clavecin), Marion Martineau (viole de gambe), Isabelle Saint-Yves (viole de gambe) dans l’écriture, dans la palettes des expressions, dans les affects, remarquables dans la deuxième suite en la majeur se terminant avec une certaine gravité (Pompe funèbre, La chemise blanche) et renvoyant à la maladie du compositeur.
On y retrouve ici tout l’art de Couperin bien que ces pièces soient écrites pour un instrument qui n’était pas le sien. On sent encore par exemple dans La Plainte pour les violes datant de 1724 le compositeur Français tâtonner, se chercher. Ce ne sera plus le cas dans les deux suites datant de 1728 exploitant nettement plus les potentialités expressives de l’instrument.
L’ensemble emmené par l’excellent gambiste (et violoncelliste jazz mais c’est une autre histoire) Atsushi Sakaï restitue à merveille l’univers de ces pièces. Moins méditative et ardente que la version pionnière de Jordi Savall (Astrée 1975 réédité par Alia Vox en 2012) ou contrastée que celle de Paolo Pandolfo (Glossa 2013), ces versions dans un continuo plus resserré (Christophe Rousset est parfait mais avouons que nous aurions aimé un continuo plus consistant) rappelleront celles d’Emmanuelle Guigues (Paraty 2010) ou de Philippe Pierlot (Mirare 2008). Ce qui n’est pas le dernier des compliments !
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.