Avez-vous vu ce clip ? L’on peut y suivre les "déboires" d’un panda, son personnage principal. Le nombre élevé de vues (plus de 9 millions) sur YouTube tendrait à laisser penser que le groupe est connu, soutenu. Or, pour l’heure très peu de chroniques sur ce disque, pourtant fameux.
Connaissez-vous l’histoire de Justmike et Elias Wallace ? Non ? Sans doute avez-vous eu connaissance, ou vos oreilles ont-elles entendu, le très classe et très chic "All I want" (avec un sample de trop méconnu Janko Nilovic, réédité sur le même label, par ailleurs très recommandable, que celui qui édite Otis Stacks, ça tombe bien…).
C’est avec ce morceau que Dafuniks, ce groupe de hip-hop danois (si si), a traversé les frontières, par ce morceau également que commence la rencontre entre ces deux-là. Après ce tube, le californien Elias Wallace devient membre du groupe. L’envie de faire un disque tous les deux germe : et on écoute le résultat. Ça s’appelle Otis Stacks : Otis pour Otis Redding, Stacks, en référence à l’immense label du même nom, label qui eut pour "héros" ce même Otis Redding. La couleur est annoncée : ce sera la soul comme fil conducteur.
Mais un soul qui ne s’embrasse pas de faux dilemme comme celui de choisir entre tradition et modernité. Comme si cela avait un sens ! Allier les deux : tradition et modernité, instruments et machines, et le faire comme si cela allait de soi, comme si cela relevait de l’évidence tant l’hommage (malgré le nom du groupe) ne semble jamais cherché.
L’album s’ouvre avec "Fashion Drunk", sorte de hip-hop jazzy (avec le rappeur Gift Og Gab), piano martelé, son d’un grain de vinyle qui tourne, guitare à l’intervention sèche et précise ; délice. S’en suit ("The Game") un morceau plus RnB, soul, des basses bien présentes, un bon groove ; le morceau est plus rond, moins sec.
Le reste de l’album oscille entre ces deux pôles, toujours marqué par ce chant soul.
Deux morceaux plus rythmés "Little pretty" et "Go back to your lover" invitent à un douce danse. Le morceau "9th Street" offre, avec ses petits éclats de guitare du meilleur effet, une soul ronde et prélassante, suave et sensuelle. "Never Stop" en fait de même.
"It’s not real" rappelle l’héritage et donne tout son sens au nom du groupe : bien que produit différemment ce morceau évoque Otis Redding.
Discrétion, délicatesse et raffinement dans la production comme dans les arrangements caractérisent cet album de soul aérienne et épurée.
Loin d’un soul résolument moderne voire avant-gardiste comme celle de Janelle Monae, pas non plus la soul "hommage" de Daptone Records (Sugarman Three, Charles Bradley, Sharon Jones, etc.) mais une aisance à circuler entre tout ça, et cela sans chercher à montrer que l’on sait qu’on le fait. Disque recommandable à ceux qui apprécient, par exemple, A Tribe Called Quest. Sur ce disque ,les effets électroniques se font discrets, les rythmes plutôt hip-hop sont assurés par des machines, les samples jazzy abondants.
Comme si besoin était, un conseil à ces deux-là : "Never stop" ! Cet ultime morceau semble nous dire que ce projet n’est pas qu’un projet bis, qu’un "one shot". Réjouissant.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.