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Manufacture des Oeillets  (Ivry)  avril 2018

Tragi-comédie de Perre Corneille, mise en scène de Yves Beaunesne, avec avec Eric Challier, Thomas Condemine, Jean-Claude Drouot, Eva Hernandez, Antoine Laudet, Fabienne Lucchetti, Maximin Marchand, Julien Roy, Marine Sylf et Zoé Schellenberg.

Pour "Le Cid" de Pierre Corneille, le grand mérite de Yves Beaunesne tient à sa direction d'acteurs et au choix de comédiens capables de dispenser les alexandrins de manière prosodique et non déclamatoire l'oeil rivé sur la ponctuation scripturale.

Ainsi avec la version princeps de cette tragi-comédie, met-il en exergue une partition dans laquelle le personnage-titre ressort sinon au "dindon de la farce" au moins au victimaire tout en révélant par là même une belle personne à l'âme héroïque qui contraste avec la médiocrité ambiante de ceux qui se gargarisent d'honneur et de gloire..

D'autre part, au-delà du fameux dilemme cornélien auquel sont assujettis les jeunes protagonistes, honneur vs amour pour Rodrigue, vengeance vs amour pour Chimène, devoir vs amour pour l'infante, se dévoile une autre thématique, essentielle et intemporelle, celle du sacrifice des fils. En effet, alors qu'il est jeune et inexpérimenté, Rodrigue est successivement sommé d'abattre celui qui a bafoué son vieux père, de débouter le débarquement des Maures et de se battre en duel judiciaire.

Dans le microcosme du pouvoir et les luttes intestines des dignitaires, ces Grands d'Espagne imbus tant de leur personne et de leur naissance que de leurs exploits militaires qui leur fait porter avec ostentation leur longue épée tel un sceptre, sont d'un tempérament aussi ombrageux que belliqueux.

Tout commence par la réquisition péremptoire de Don Diègue - "Meurs ou tue !" - suscitée par le soufflet qu'il a reçu de Don Gomès, son rival malheureux pour la fonction de gouverneur du prince, à la remarque de laquelle concernant son habileté manoeuvrière de courtisan, il a rétorqué en lui signalant son absence de mérite.

Face à la loi du père à laquelle s'ajoute l'argument de l'honneur de la lignée, Rodrigue s'exécute et exécute l'infâme, le père de sa bien-aimée, alors même qu'il est un combattant aguerri. Car une chance insolente, ou le Dieu qui épargna Isaac, l'accompagne.

Aussitôt son père qui admet que la mission accomplie fait bien "revivre [en toi] les héros de ma race", cela ne suffit pas à transmission de la gloire ancestrale et il l'envoie illico au combat pour repousser un débarquement de Maures, pour "périr ou bâtir sa propre renommée" comme il le fit lui-même.

Et quand Chimène réclame vengeance et en appelle au duel judiciaire dont le roi en dispense Rodrigue, c'est ce père, qui ne voit en son fils, outre un rival, le témoin de son déclin et voudrait être le dernier héros de sa lignée, qui insiste pour l'application de cette coutume par laquelle "les gens d'honneur cherchent un beau trépas" et sans délai car "on est toujours trop prêt quand on a du courage".

Coup de grâce ultime, le roi, père symbolique, enverra Rodrigue hors la mer combattre les Maures sur leur terre, épilogue qui sème la désolation au palais : la jeune génération paye un lourd tribut aux pères : Rodrigue part en guerre, Chimène a un réel motif d'être éplorée, l'Infante prend le voile. Ne restent que deux barbons, un roi cacochyme et un vieillard infatué auxquels Yves Beaunesne ajoute le spectre grandguignolesque du comte assassiné.

Avec une transposition dans le Siècle d'or espagnol signifiée par les somptueux costumes de Jean-Daniel Vuillermoz, Yves Beaunesne signe une mise en scène classique, point de recontextualisation contemporaine, de vidéo, de micro, de pseudo-riffs de guitare ni de boule à facettes, sans pour cela verser dans celle pour matinées scolaires, qui, toutefois, emprunte aux codes du baroque tant par le jeu frontal en adresse au public que par un esthétisme pictural avec des scènes comportant des arrêts sur image propices à la résonance avec les tableaux des maîtes anciens.

Sous les clairs-obscurs des lumières de Marie-Christine Soma, l'intrigue se déroule dans le décor magnifique, aux termes d'une scénographie tout aussi classique conçue par Damien Caille-Perret, celle du palais toutefois twistée par son style andalou-mauresque avec mur en moucharabieh dans lequel résonnent des chants arabes.

Contribuent de manière émérite au succès du spectacle des comédiens aguerris : Julien Roy, époustouflant roi-bouffon, Eric Challier, accompli en tragique comte dépité comme Jean-Claude Drouot en exécrable père orgueilleux, et Fabienne Lucchetti, gouvernante accorte.

Et les jeunes talents avec Eva Hernandez, gouvernante de l'infante, Maximin Marchand, épatant de drôlerie en gentilhomme contrepoint comique du roi, Marine Sylf, remarquable, et Antoine Laudet, en amoureux transis.

Quant au couple à l'amour contrarié, Zoé Schellenberg gère subtilement les errements d'une Chimène janusienne aussi ingénue que manipulatrice, et Thomas Condemine incarne idéalement le caractère héroïque et le chevalier courtois vassal de la femme aimée.

 

MM         
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# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

Au théâtre

les nouveautés :

"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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