Question : Comment peut-on faire un album de 22 titres sans craindre de lasser l’auditeur ?. Et bien la réponse est à chercher du côté de Devendra Banhart qui sort ces jours-ci Cripple Crow.

Parlons tout d’abord du personnage : avec son nom de gourou, ses cheveux longs et son attitude de hippie, Devendra Banhart nous vient pourtant bien des USA. Mais assurément d’une autre époque, celle où tout était moins formaté et où l’envie de liberté prenait tous les jeunes au fur et à mesure que s’allongeaient leurs cheveux au-delà de leurs épaules.

Texan de naissance, il a cependant passé toute son enfance au Venezuela, ce qui maintenant lui permet d’intégrer dans son nouvel album quelques compositions dans la langue de Cervantès.

Transition toute trouvée pour évoquer leur passage cet été au festival de Bénicassim où ils ont fait un passage plus que remarqué. Dans un style très décontracté, ils ont conquis le public avec leurs chansons folks et nouvellement hispanisantes offrant ainsi les prémisses de leur nouvel album en pâture.

Voilà donc Cripple Crow. Il fait suite à Nino Rojo et Rejoicing In The Hands deux albums sortis à quelques mois d’intervalle et qui avaient fait sensation l’année dernière.

Apparu comme un phénomène musical, il avait même fait la couverture du très élitiste Télérama. Alors que son précédent album "intégrait au folk traditionnel des éléments de blues ou de country" celui-ci ajoute une ambiance latino, des rythmes de samba mais conserve toujours une dose de psychédélisme assumé.

Les chansons sont dépouillées, la voix parfois uniquement accompagnée par la guitare ou le piano. Quand le groupe intervient, on est souvent dans une configuration sans fioriture tendance roots, guitare bluesy et slide. Des cordes sont présentes sur quelques titres et on tombe alors dans l’expectative mélancolique avant de se retrouver, la chanson d’après à se remuer sur des rythmes sud-américains.

Très prolifique, Devendra nous offre 22 titres tout en réussissant le tour de force de surprendre à chaque chanson. L’ensemble iconoclaste parvient à rester cohérent et ne tombe pas dans le grand n’importe quoi. Il s’opère alors une improbable alchimie musicale.

Musicien bohémien, chanteur charmeur, on sent la liberté et ça nous plait.