On trouve de plus en plus de polars historiques chez les différents éditeurs. Ils ont pour ambition de ravir les amateurs de polar d’une part et ceux qui s’intéressent aussi à l’histoire d’autre part. Les grandes périodes historiques sont souvent la trame de polars de bonne qualité. Ici, chez Harald Gilbers, qui n’est pas sans rappeler Philip Kerr nous embarque dans les tréfonds du nazisme au moment de sa perte, à Berlin, quelques temps avant la fin de la seconde guerre. Le nazisme se retrouve alors au cœur d’un nouveau polar d’Harald Gilbers.
L’histoire se situe à la fin avril 1945, le troisième Reich vit ses dernières heures et le commissaire Oppenheimer et sa femme Lisa se terrent dans le sous-sol d’une brasserie en attendant la capitulation nazie, caché par leur ami Ed. Dans le chaos de la défaite, ils n’échappent pas aux vengeances soviétiques quand l’armée rouge envahit Berlin, entraînant leur séparation et le viol de Lisa.
Quelques temps plus tard, alors qu’Oppenheimer traque un type ayant arnaqué Ed, il découvre l’identité du violeur de sa femme, un certain Gregoriev. Assez rapidement, ayant envie de le faire payer, il se rend compte qu’il n’est pas le seul à en vouloir à cet homme. Il est notamment recherché par l’armée rouge en tant que déserteur, à la tête d’une bande de pillards et avec un projet dangereux.
Il faut bien avouer que le choix de construire ce roman au cours de cette période nazie, notamment au moment de sa chute est plutôt judicieux et intéressant, même si on a déjà vu ça dans d’autres polars. Le récit est très bien documenté, il retranscrit très bien la période, les conditions de vie pendant les bombardements de la capitale allemande ainsi que les exactions russes après l’envahissement de Berlin. Les amateurs d’histoire y trouveront leur compte sans aucun problème. Sauf peut-être ceux qui penseront que l’objectivité de l’auteur allemand n’est pas toujours au rendez-vous du fait qu’il ne nous présente que des gentils allemands et des vilains russes.
La trame du polar se construit dans une logique d’espionnage, ce qui une fois encore rappelle les livres de Philip Kerr. La traque sans merci de Gregoriev et d’une fameuse valise s’avère nous tenir en haleine assez facilement. Le livre, sans être d’une grande originalité, est dans la lignée de ces deux livres précédents, Germania et Les fils d’Odin qui avaient déjà comme toile de fond la ville de Berlin pendant la guerre.
Harald Gilbers confirme donc la place de plus en plus importante qu’il prend dans le domaine du polar historique, renforcée avec la disparition de Philip Kerr. Son dernier livre, Derniers jours à Berlin, reste une lecture agréable, un bon roman d’espionnage sans prétention qui se lit facilement. Et après tout, c’est l’essentiel de ce que l’on demande à un bouquin quand on le tient entre nos mains. |