Fontaine Wallace est plus qu’un groupe d’anciens, ancien de Superflu, ancien Prohibition ou ancien Luke. Fontaine Wallace est plus qu’un simple groupe pop, c’est plus que des bonnes chansons, c’est de la pop adolescence à l’âge adulte.
Vous vous souvenez sans doute de l’adolescence, ces moments où on alternait sans raison une mélancolie indécrottable et une bonne humeur irraisonnée, cette envie folle de conquérir le monde et de rester la journée entière dans le canapé, vous vous souvenez peut-être de l’âge adulte, celui des responsabilités, des choix, des amis qui tombent, qui partent, qui meurent, des rêves oubliés, des peurs de chômage, de la fin des espoirs mais au fond de soi encore cette envie de faire, d’y croire même si tout est perdu.
Il y a tout ça chez Fontaine Wallace, une nostalgie souriante, une légèreté grave. Rien n’est vraiment triste, rien n’est vraiment réjouissant, comme un compromis, comme la vie en somme qui, quand elle ferme une porte, ouvre une fenêtre. C’est un regard fin, lucide et acéré, sur les anciens amis, sur les villes de province de nos enfances, entre Ville nouvelle de Joseph Fisher et Je suis une ville de Dominique A, sur l’amour évidemment, parce que finalement c’est ça toujours le plus important. Parce qu’il est trop tard pour ne pas voir le monde tel qu’il est, parce que nous avons tous le droit de "rêver encore de chevaux". C’est la litanie antinomique qu’est "Joueur d’échecs" où les constructeurs de ruines croisent les fabriquants d’inutile, qui résume bien cette entre deux.
La voix de Nicolas Falez, ancien leader de Superflu, n’a pas changé, toujours aussi exquise presque nonchalante, relevée par les autres voix des membres du groupe en harmonies vocales. On sent d’ailleurs qu’il s’agit bien d’un groupe, chacun apporte sa pierre à l’édifice. Si les textes peuvent parfois sembler sombres, ils sont mis en lumière par des compositions rutilantes, accrocheuses, comme en effet de contraste. Aucun des morceaux ne laisse indifférent, sans effet de manche, sans surproduction inutile, la simplicité au service des morceaux, la pop telle que seuls les orfèvres les plus expérimentés réussissent.
Un disque encré dans la réalité contemporaine, un disque d’une joie triste, ou l’inverse, merci quand même, et qui est déjà un classique de la chanson française.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.