Journaliste, écrivain et historien, Jean des Cars est aujourd’hui l’un de nos meilleurs connaisseurs de l’histoire des grandes dynasties européennes. Auteur de nombreux ouvrages, il nous livre en ce mois d’avril un très bel ouvrage, Le hameau de la reine, publié par les éditions Flammarion.
En 1774, Louis XVI offrait le Petit Trianon à sa femme Marie-Antoinette pour qu’elle puisse disposer d’un lieu pour s’échapper de l’étiquette rigide et contraignante de la cour. Ce domaine, elle va l’aménager, y greffer un jardin anglo-chinois, y ajouter des chaumières à colombages pour former un village aux apparences rustiques mais aux intérieurs raffinés. Ce hameau, objet du livre, comprenait une ferme et son fermier chargé de l’exploitation, gérant le bétail, les cultures, le moulin et la laiterie.
Longtemps abandonné, considéré à tort comme une excentricité de la reine qui y avait vécu des moments heureux mais aussi des heures dramatiques, le hameau revit peu à peu. Sa restauration, son inauguration et sa réouverture en ce mois de mai, a inspiré cet ouvrage inédit, abondamment illustré par une documentation originale.
Et il faut donc bien l’avouer, ce hameau de la reine, est un bien bel ouvrage, soigné, imprimé sur un papier de belle qualité, composé de très belles photos et de nombreuses images. L’auteur commence d’abord par nous présenter le petit Trianon avant qu’il soit offert à la Reine. Son histoire existe bien avant Marie-Antoinette. Il fut un espace de délassement, utilisé par les favorites avant de devenir un jardin à la mode pour Marie-Antoinette. Dans son nouvel espace, la reine va y donner des fêtes inoubliables et dispendieuses, y faire construire un théâtre, lieu de divertissement qui nuira à la réputation. C’est aussi dans ce lieu qu’elle rencontrera très souvent le Comte de Fersen.
A ce hameau, elle décidera d’y créer un espace champêtre avec une activité rurale pour faire connaître à ses enfants le dur travail du monde paysan. Cette volonté pédagogique du hameau fait l’objet d’une partie particulièrement intéressante dans l’ouvrage notamment du fait qu’elle fut longtemps méconnue.
Après l’affaire du collier, racontée dans l’ouvrage, scandale d’Etat datant de 1785, son hameau deviendra un havre de paix fragile, troublé par des drames successifs avec la naissance non désirée puis la mort prématurée de la petite Sophie et le décès du dauphin après une lente agonie.
La fin de l’ouvrage est consacrée, en quelques pages, à la restauration et le remeublement du hameau, partie rédigée par Jérémie Benoit, conservateur en chef des châteaux du Trianon.
Jean des Cars nous propose donc une ballade bucolique et historique dans ce lieu méconnu. Il nous révèle une autre Marie-Antoinette au travers de ce monde rêvé qu’elle avait aménagé. Son livre parfaitement documenté se trouve être particulièrement agréable à lire, en même temps qu’il est un superbe objet. |