Pièces de Roland Dubillard, mise en scène de Werner Schroeter et Maria Machado avec Conrad Cecil, Maya Mercer, Maria Machado, Julien Maurel et Augustin Ruhabura
Sous le titre Métastases et métamorphoses, pour montrer "l'évolution d'un corps d'écrivain à travers les âges", Werner Schroeter et Maria Machado mettent en perspective deux textes de Roland Dubillard séparés par un demi-siècle : "Si Camille me voyait" écrit en 1953 et "Madame fait ce qu'elle dit" en 2004.
Texte conçu à l'origine pour la radio, écrit comme une opérette en vers et sans musique, qualifié d'"aventure onirique" par son auteur, "Si Camille me voyait" propose au spectateur une chevauchée surréaliste qui est aussi une ode à la jeunesse et à l'état amoureux.
Tout n'est que rêve et métamorphoses, traités par la seule force des mots, avec une grande force comique et une verve communicative, où, Laurent, épris de mécanique poursuit la belle Solange qui se déplace en berline-baignoire et qui est épiée par son mari déclaré mort qui attend l'adultère pour épouser Denise la fleuriste qui se transforme en cheval.
Et le reste à l'avenant sous l'impulsion des comédiens, tous au diapason, qui nous entraînent avec talent dans l'univers tout à fait singulier du dramaturge.
Après cet enchantement, "Madame fait ce qu'elle dit", pièce tragique à la manière des textes antiques, "cueille" à froid le spectateur qui aura sans doute du mal à s'en remettre.
On ne sait qui est Madame, si c'est une centenaire qui pressent l'heure fatale ou une enfant qui découvre l'essence du monde et de la vie. Recluse, immobile, elle ne lui reste que le verbe, à l'instar de l'auteur hémiplégique depuis des années, pour tenter de réussir ce pari infernal de l'ultime métamorphose.
Texte d édié à Maria Machado, son épouse et son interprète privilégiée, la puissance d'interprétation, d'incarnation de cette dernière est tout à fait éblouissante.
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