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puce Le Triomphe de l'Amour
Théâtre des Bouffes du Nord  (Paris)  juin 2018

Comédie de Marivaux, mise en scène de Denis Podalydès, avec Edwige Baily, Jean-Noël Brouté, Philippe Duclos, Stéphane Excoffier, Leslie Menu, Dominique Parent, Thibault Vinçon et le musicien Christophe Coin.

Placée sous le signe du travestissement, de la confusion des genres et du désir amoureux, thématiques chères à son auteur, "Le Triomphe de l'Amour" de Marivaux porte un titre trompeur ou du moins équivoque.

En effet, si l'oeuvre célèbre la toute puissance de l'amour, avec son corollaire de la "surprise" de l'amour qui saisit de manière impromptue et irrésistible tant le coeur et l'esprit que les sens, dont d'aucuns ont pu assimiler l'instigatrice à la figure symbolique de l'Amour à la manière de l'étranger du "Théorème" de Pier Paolo Pasolini, celui-ci n'est pas synonyme d'amour heureux.

Et elle commence comme un conte, voire une fable, avec la princesse d'un royaume, dont elle a hérité suite à une usurpation, qui tombe amoureuse, au détour d'un bois, d'un jeune homme dont elle apprend qu'il est le fils du roi légitime. Pour s'approcher de lui et franchir l'obstacle constitué par les deux cerbères hostiles à l'amour qui l'ont élevé retranché du monde, elle se travestit en homme et va mener non pas un mais simultanément trois assauts amoureux.

Car, malgré son inexpérience mais semblant au fait de la puissance des serments amoureux et dotée d'un bel esprit et du sens de la répartie, elle se révèle déterminée, audacieuse, délurée et rouée et ne recule devant aucun obstacle pour réussir son entreprise.

Elle mène la danse avec une succession de cavalier(e)s qu'elle poursuit sans relâche de ses assiduités verbales pour créer une fiction d'amour et pis, d'adoration, qui ne peut que troubler les destinataires. Devenue bourreau des coeurs, elle se laisse emporter et pousse la mystification au-delà de la séduction jusqu'à la proposition de mariage.

Certes la comédie semble ressortir au badinage mais à ceci près qu'il repose non sur une pratique de l'époque, celle de la sociabilité amoureuse consentie et partagée, mais sur une tromperie.

Denis Podalydès a choisi le parti-pris de la comédie et le parti d'en rire, un rire que jamais un opus marivaudien aura tant suscité, et un rire souvent jaune qui s'éteindra subitement car la plume de Marivaux excelle également dans la cruauté, et en l'espèce il n'en manque pas.

Il mène efficacement sa petite troupe revêtant de magnifiques costumes signés Christian Lacroix dans un décor certes champêtre mais étonnant car peu propice par sa pestilence aux fêtes galantes et simultanément adéquat puisqu'elles ne seront pas célébrées, celui d'un marais avec cabane sur pilotis conçu par Eric Ruf qui multiplie les chausse-trappes avec moults marches et gués étroits que doivent enjamber les comédiens à l'instar de celles destinées aux personnages.

L'hécatombe amoureuse, instillée de quelques respirations musicales dispensées par le violoncelliste baroque Christophe Coin, se déroule en présence d'une suivante dévouée (Edwige Baily) et deux valets truculents chacun à sa manière, plus urbaine (Jean-Noël Brouté) ou à l'accent gouleyant (Dominique Parent), qui monnayent grassement leur complicité et dont la malice anime des scènes farcesques.

Thibault Vinçon, bien que n'ayant plus l'âge du rôle, est parfait en ingénu jouvenceau à l'orientation sexuelle encore balbutiante et à la pudeur de vierge effarouchée attiré par un ami au physique ambigu. Philippe Duclos en barbon philosophe qui se veut "âme solitaire et sauvage" soudain ébahi par son pouvoir de séduction et Stéphane Excoffier en prude rombière ravie de ses charmes vantés forment un épatant duo de crédules.

Mais toute la partition de ce "Mic-Mac paludéen" est menée, et dominée, par le personnage central superbement interprétée par la jeune comédienne Leslie Menu à qui Denis Podalydès, dont elle fut l'élève au CNSAD, offre un rôle en or.

Sa silhouette androgyne et sa démarche élégante de ballerine confortent la confusion des genres qui soutient les intrigues et elle s'avère fort éloquente dans les variations ciselées du discours amoureux à l'écrite desquelles se délecte le libertin textuel Marivaux.

 

MM         
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