Tragédie de William Shakespeare interprétée par les élèves de l’Académie Centrale d’Art dramatique de Chine.
Parmi les Académies invitée à la 2ème édition du a 2ème édition du Festival L'Union des écoles de Limoges, festival international des écoles de théâtre et de cirque, l'Académie centrale d'Art dramatique de Pékin, proposait un "Roi Lear" épuré, adapté et mis en scène par Fu Weifeng.
Dans des tenues noires qu'on aurait pu croire inspirées par "Matrix", la tragédie de Shakespeare prenait un tout autre sens.
Totalement dépolitisé, on devine pourquoi, ce "Lear" sombre mettait face à face un roi à deux visages avec trois longues dames brunes, trois sœurs livides et hiératiques face au délire d'un homme régnant sur sa famille en patriarche tout-puissant suffisant au point de croire qu'après avoir donné toute sa richesse, il conserverait son ascendant sur son entourage.
On connaît la suite et ce qui frappait dans cette version bruyante et violente où les corps ne s'épargnaient pas, c'est que Shakespeare, loin de son milieu naturel, résistait quand même à cette "maltraitance" résolu et assumé.
Autre leçon : en découvrant la scénographie postmoderne de Liu Xinglin, cachant presque la scène sous un monochrome noir parcouru de quelques traits gris lui donnant des airs d'oeuvre de Cy Twombly, avec en fond de scène, une ligne de néon blanc au sol suggérant peut-être la cécité - pas vraiment énoncée par Fu Weifeng - de Lear, on s'interrogeait sur cette irruption de l'abstrait, là où régnait il y a peu le réalisme communiste...
A défaut de totalement adhérer au travail de Fu Weifeng, on pouvait se demander à qui il s'adresse dans son pays et si des acteurs formés ainsi à surjouer un théâtre avant-gardiste ont aussi une formation plus classique ou s'ils sont destinés à un théâtre élitaire dans une Chine redevenue foncièrement inégalitaire.
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