Concert de musique de chambre interprété par le pianiste Michaël Lévinas avec les musiciens du quintette à vents Le Balcon Michaël Levinas, Claire Luquiens, Iris Zerdoud, Ye-Chang Jung et Marie Collemare.
Ce court concert de "musique de chambre" proposé par le Collectif Le Balcon termine la saison musicale 2017-2018 et n'a rien de commun avec un concert "classique".
Si tout commence pour le spectateur par l'aérien "Quintette pour piano et vents en mi bémol majeur opus 16", qui permet de retrouver l'envoûtant toucher pianistique de Michaël Levinas aux côtés des membres du quintette à vents du Balcon, il est invité à découvrir, d'abord virtuellement, Justina Repeckaité, filmée à la Bibliothèque Nationale (rue Vivienne) avant qu'elle ne rejoigne en temps réel le théâtre de l'Athénée pour jouer avec le Balcon une brève mais intense pièce de Salvatore Sciarrino.
Flûtiste installée à Paris, Justina Repeckaité aime visiblement déambuler dans Paris. En ce lundi 25 juin, c'est dans une ville quasi déserte, conséquence peut-être de la coupe du monde de football, qu'elle va entamer une promenade quasi géométrique dans le quartier de l'Opéra.
Préalablement, elle aura interprété de l'ex-Bibliothèque Nationale une de ses créations, "Incantare", morceau pour flûte et électronique. Captée directement sur le mur de scène de l'Athénée, la prestation de la flûtiste gagne en étrangeté ce qu'elle perd en qualité de son.
En fait, elle préfigure la longue balade de la jeune femme vers le théâtre de l'Athénée, qu'elle accomplira accompagné par l'écho d'une œuvre de musique spectrale de Claude Vivier, "Woyzeck".
Si l'on aurait préféré qu'elle fût en direct "live" avec les musiciens du Balcon, condamnés comme les spectateurs à surveiller l'aléatoire progression de son arrivée, on doit admettre que la musique de Claude Vivier, venant se fracasser avec beaucoup de force sur ce mur où la mauvaise qualité de la projection augmentait encore le côté expérimental de "W I N D S".
En finissant par apparaître sur scène, Justina Repeckatié donnait toute sa mesure dans l'ultime pièce pour quintette à vents du soir : "Il silenzio degli oracoli" (Le Silence des Oracles) de Salvatore Sciarrino, compositeur sicilien contemporain. S'inspirant de Plutarque dans cette œuvre courte mais dense, Sciarrino y a voulu évoquer le silence.
Aux côtés de Justina Repeickaité<, comme en première partie du concert avec Michaël Levinas, Claire Luquiens (flûte), Iris Zerdoud (clarinette), Julien Abbes (basson), Ye-Chang Jung (hautbois) et Marie Collemare (cor) prouvaient une nouvelle fois leur générosité musicale, clôturant une soirée inattendue que le public sut apprécier sans broncher alors qu'il aurait pu rejeter cette quasi-demi-heure où on lui demanda de se transformer en spectateur de cinéma ou plutôt de caméra de surveillance.
On s'interrogera sur la nécessité de renouveler cette expérience, mais on admettra qu'elle se passa dans les meilleures conditions en ce lundi 25 juin 2018, et surtout sans nuire à la qualité musicale du programme très bien choisi pour montrer les correspondances entre une œuvre de Beethoven et des pièces véritablement contemporaines. |