"Le livre de la vie est le livre suprême, qu'on ne peut ni fermer ni ouvrir à son choix. Le passage adoré ne s'y lit qu'une fois, le livre de la vie est le livre suprême, on voudrait le fixer à la page où l'on aime, mais le feuillet fatal se tourne de lui-même, et la page où l'on meurt est déjà sous les doigts". Lamartine
"Dieu créa trois belles choses : la musique, les fleurs et les femmes. Ce sont elles que j'ai toujours chantées." Charles Gounod
Après Félicien David, Édouard Lalo, Benjamin Godard, Saint-Saëns et Fernand de la Tombelle, le baryton Tassis Christoyannis et le pianiste Jeff Cohen continuent de creuser la mélodie française et leur collaboration avec le Palazzetto Bru Zane et le label Aparté. Cette fois-ci, c’est au travail de Charles Gounod que s’attaquent les deux musiciens.
Il y a une anecdote assez significative sur le compositeur et ce que l’on connaît de son œuvre. On raconte qu'un français à qui on montrait en Allemagne la statue de Goethe, auteur de Faust, aurait dit : "Tiens ! Chez nous on prononce Gounod". Alors effectivement, l’œuvre de Gounod semble pour beaucoup s’arrêter à son Ave Maria ou à son opéra Faust mais c’est oublier qu’il fut un grand maître de la mélodie en France. Et s’il maîtrisa à ce point ce genre de musique, c’est qu’il fut un génie mélodiste d’une intensité brûlante capable de marier style et sensualité harmonique (dixit Ravel), grâce et sentiment. Et justement, il n'était pas de ceux qui gardent pour eux leurs sentiments, lui qui assurait que "La musique naît du sentiment. Je n'admets pas un musicien de calcul parce qu'on ne calcule pas le sentiment, on le subit".
Chez le compositeur français, la prose compte plus que le vers, sa musique se met de la plus belle des manières au service du verbe, devient son prolongement, respecte la mélodie des mots, la prosodie et il aura choisi soigneusement ses poètes : Hugo, Lamartine, Musset, Théophile Gautier, Jules Barbier, Sully Prudhomme. Il ne faut cependant pas oublier que sur les près de cent cinquante mélodies qu’il a publiées, presque un tiers ont été écrites en anglais, principalement lors de ses années londoniennes entre 1870 et 1874.
Ces mélodies vont comme un gant à un Christoyannis de velours capable de mille inflexions et de nuances et se montrant à l’aise dans toute la tessiture, quant à Jeff Cohen il nous offre une superbe palette de couleurs. Une si belle musique interprétée par deux excellents musiciens ne peut donner qu’un très beau disque....
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