Le thème du 10e anniversaire du Festival de Beauregard est le cirque. Les buvettes sont décorées comme des chapiteaux aux rayures rouges et blanches, le site d'informations est la tente de "Madame Irma" qui sait tout. Mais comme dans un bon numéro de trappeziste, tout est parfaitement prévu : les bénévoles font un travail de dingue, le site reste propre malgré les milliers de festivaliers qui se massent sur le site durant 4 jours, la programmation est intéressante entre valeurs sûres, groupes pointus et découvertes, les ingénieurs du son et les techniciens sont parfaits.
En cette troisième journée, c'est l'Australien made in Normandie, Malo', qui ouvre le bal. Son son a pris beaucoup d'ampleur depuis la dernière fois que je l'avais vu. Il reste dans une pop charmante qui s'aventure parfois vers des sonorités plus rock, pour une entrée en matière plus soutenue que je ne m'y attendais.
Les nantais d'Inüit montrent qu'il est possible d'importer des instruments comme le saxo, le trombone à coulisse et des bongos dans un groupe sans tomber dans la musique festive qui pue du sarouel. A deux percus, un batteur, deux claviers et une chanteuse, leur pop métissée d'électro dégagé une énergie communicative. Ils s'imposent déjà comme un groupe de scène avec lequel il faudra compter à l'avenir.
Les américains de Parquet Courts attaquent leur set bille en tête. Le son est brut, tranchant. S'ils n'étaient pas américains, on jurerait qu'ils sont anglais et 40 ans de moins. Même si leur dernier album est moins radical que les précédents, il reste bien au-dessus de la mêlée. Et sur scène, aucun doute, le son est puissant et sans compromis.
Pendant le set de Oscar and the wolf, j'opte pour un petit tour en grande roue. Bon choix carreleur pop douce et planante accompagne merveilleusement en voyage dans les airs. De retour sur terre, on est un peu en attente d'un petit plus. Agréable mais sans beaucoup de relief, on finit par se diriger vers la conférence de presse du festival.
Avec 28.000 spectateurs sur chacun des 3 jours et 20.000 attendus pour le concert de Depeche Mode, le Festival de Beauregard réalise un carton plein et comble son déficit, tout en maintenant l'esprit familial de l'événement.
Sur scène, les Breeders semblent s'amuser et être heureuses d'être là. Malheureusement, leur joie n'est pas totalement communicative. Le public passe un bon moment, mais le show ne comporte pas vraiment d'étincelles. Même pour "Cannonball", le public réagit un peu mollement. Quant à la reprise de "Gigantic" des Pixies, on a l'impression que même dans les premiers rangs, le public ignore l'origine du morceau.
Puisque les festivals servent aussi à retrouver des amis, je reste loin d'Ibeyi dont je me faisais pourtant une joie d'assister au concert.
Ensuite, At The Drive In envoient le bois. Le pogo reste gentil mais la poussière vole devant la scène. Encore un bon concert rock pour cette édition de Beauregard dont la programmation fait finalement la part belle aux guitares qui grincent, feulent et font du bruit.
Il est temps d'aller jeter un œil sur le concert de Bigflo & Oli. Je n'en attends pas grand-chose même si les deux toulousains ont toute ma sympathie. Pas de doute, ils savent ambiancer un festival. Et tout le monde n'a pas les corones de descendre dans le public ou de stagediver et de se faire porter par les premiers rangs. Alors même si je n'aime pas leur musique, respect à Bigflo et Oli dont, au-delà du concert, le spectacle est franchement bien foutu.
Après un magnifique feu d'artifice pour les 10 ans du festival Beauregard, c'est Macklemore qui clôt cette édition, avant la journée spéciale consacrée à Depeche Mode. Le feu d'artifice est lancé au son des Gossip, venus pour la première édition, et qui sont revenus quelques années après pour un concert mémorable. Happy Birthday Beauregard !
L'américain Macklemore fait un show à l'américaine, mouille la chemise. Le son est fat, gros comme les ficelles des déclarations d'amour au public ou des sorties anti-Trump. C'est aussi pro que dénué d'âme même si le public est conquis. Je n'irai pas jusqu'au terme de ce dimanche, dont je garderai le souvenir de concerts rock qui claquaient bien.
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