Jeudi 19 juillet
Arriver à Carhaix le premier jour du festival ne laisse nullement présager la marée humaine qui va s’abattre sur le paisible village breton. Hormis un plan de circulation qui rend l’accès au centre ville compliqué voire impossible, le fléchage des accès aux campings et parkings, il règne ce calme si particulier des gros bourg de province. C’est idéal pour s’installer tranquillement, prendre ses marques et passer à la brasserie Coreff pour étancher sa soif car depuis quelques éditions, il fait beau et chaud. L’ambiance est bon enfant autour de la buvette du célèbre brasseur local et l’on y retrouve des têtes familières.
L’arrivée sur le site reste toujours aussi impressionnante. L’accès pour les détenteurs d’un pass presse se fait par un chemin qui offre une vue imprenable sur la plaine de Kerampuilh.
Un peu plus tôt, sur la route qui mène au site, on a pu constater que la moyenne d’âge est plutôt haute pour cette première journée. La présence des mythiques Depeche Mode y est sans doute pour beaucoup. Beaucoup de quadras, quinquas avancent vêtus de T-shirts de leur groupe préféré. Vu l’état de certaines reliques, certains sont visiblement des fans de la première heure. Peu de "choucroutes" à la Martin Gore cependant. Les cranes sont dégarnis et les temps grisonnantes mais l’enthousiasme reste intact.
Arrivé un peu trop tard pour le concert de Olli & the Bollywood Orchestra, je n’entendrais que leur version Hindu kitsch de "A Forest" des Cure.
Olivier Mellano est bien connu des mélomanes bretons. Il a accompagné Miossec au début de sa carrière et reste un stakhanoviste de la scène rennaise actuelle.
Cet après-midi, il est venu présenter un de ses nombreux projets : No Land. Accompagné de Brendan Perry (ancien chanteur de Dead Can Dance) et du bagad de Cesson, Mellano a troqué sa mythique Jazzmaster blanche pour une basse.
On se laisse vite porter par l’ensemble qui dénote un peu sous le soleil de plomb qui écrase la plaine de la scène Kerouac. Cette musique sent la tourbe, le granit et les matins brumeux de novembre. Vêtu d’un kilt, Perry opère dans son registre qui le caractérise tant : grave, profond, habité.
Forts de leur re-formation en septembre dernier dans la salle du Liberté à Rennes (un concert initialement unique) et après un passage à La Mecque des branchés, Villette Sonique, les vieux briscards de Marquis de Sade remettent cela aux Vieilles Charrues.
Les avis sont tranchés : les fans et les nostalgiques se délectent du rock sombre et lettrés des bretons. Ceux qui sont passés à côté en profitent pour retrouver de vieilles connaissances à leur bar de prédilection en attendant le tête d’affiche de cette journée d’ouverture du festival.
Quelques minutes avant l’arrivée de Dave Gahan et de son groupe sur la scène de Glenmor, l’excitation est à son comble. Dans mon groupe d’amis où la moyenne d’âge avoisine les 40 ans, les souvenirs abondent et les spéculations sur la playlist de ce soir vont bon train. Pour beaucoup, Depeche Mode cela reste le choc d’un live dévastateur (101), à l’époque où le groupe est quasi intouchable et au sommet de son art. Le temps a passé et Martin Gore et consorts ont une grosse carrière derrière eux, des tubes, mais pas que… Ils sont sur la tournée de leur dernier album et certains seront déçus de ne pas entendre une sorte de "Best Of", ce que beaucoup de gens présents semblaient attendre. Pourtant, Depeche Mode n’a pas démérité, surtout Dave Gahan qui était en grande forme et qui s’est démené comme un beau diable sur scène. Les mines se sont un peu réjouies sur les classiques du groupe qui, au final, était assez nombreux ("Personal Jesus", "Walking In My Shoes", "Just Can’t Get Enough" entre autres).
Le site s’est clairsemé après la fin du concert de la tête d’affiche et on peut dire que, comme souvent, les absents ont eu tort, tant le set délivré par les belges de Soulwax fut encore un fois intense et habité. Efficace, dansant, impressionnant (les trois batteries sur scène restent LA prouesse technique de ce set), le groupe fait partie de ces rares formations qu’il faut ABSOLUMENT voir en concert.
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