Monologue dramatique écrit et interprété par Jean-Baptiste Seckler. Doublement artiste, comédien et sculpteur, ce qui s'avère atypque, Jean-Baptiste Seckler consacre un spectacle à un de ses homologues, et non des moindres, s'agissant de celui érigé en "Dieu le père" de la statuaire moderne.
En effet, dans le cadre de la centenaire de la disparition d’Auguste Rodin célébré en 2017, il a conçu un seul en scène qui sort doublement des sentiers battus.
D'une part, avec une incarnation vériste rendue crédible par ses propres talents de dessinateur et de sculpteur qui lui permettent notamment de réaliser à main levée l'esquisse du portrait de Victor Hugo.
D'autre part, en évitant le biopic théâtral, et son corollaire, l'anecdotisme, même si sont ponctuellement évoquées les figures féminines de sa compagne Rose Beuret et de son amante Camille Claudel respectivement qualifiées "cadeau de Dieu" et "divinité malfaisante lui ayant apporté une part de Ciel", et son corollaire, l'anecdotisme et la mauvaise réception de ses oeuvers.
Puisant dans les écrits et la correspondance de Rodin et la recension d'entretiens, Jean-Baptiste Seckler a élaboré une partition focalisée, en quelques oeuvres et thèmes, sur l'essence de l'art, le génie créateur et le mystère de la création artistique ainsi que la réflexion sur la beauté, la sculpture comme art du mouvement et de la vie et la captation de la vérité intérieure.
De plus, elle éclaire sur les références tutélaires de Rodin, les maîtres de la Renaissance italienne auquel il emprunte l'esthétique de l'inachevé, le fameux "non finito", ainsi que sur ses influences littéraires contemporaines telle celle de Charles Baudelaire. Emprunté à celui d'une des oeuvres emblématiques de Rodin, son titre, "Le Penseur" rend compte d'un parti-pris aussi judicieux qu'avisé soutenant un exercice d'admiration doublé d'un souci didactique qui, de surcroît, avec une belle gestion des silences, évite l'écueil du bavardage. Dans une scénographie usant du dispositif classique de l'atelier d'artiste cependant originalement dynamisé par les remarquables inserts vidéos réalisés par Merlin Pardo, incarnant le puissant Rodin au visage d'aïeul d'hispter et à la fureur créatrice, Jean-Baptiste Seckler dispense une belle, inspirée et maîtrisée performance qui éclaire la conception rodinienne de l'art considéré comme "la plus sublime mission de l’homme, puisque c’est l’exercice de la pensée qui cherche à comprendre le monde et à le faire comprendre". |