Comédie dramatique d’après des nouvelles de Raymond Carver, adaptation et mise en scène de Guillaume Vincent, avec Emilie Incerti Formentini, Victoire Goupil, Florence Janas, Stefan Konarske, Cyril Metzger, Alexandre Michel, Kyoko Takenaka, Charles-Henri Wolff, et, en alternance, Gaëtan Amiel, Lucas Ponton et Simon Susset.
Guillaume Vincent présente avec "Love Me Tender", titre emprunté à une chanson sentimentale d'Elvis Presley, une immersion dans l'univers romanesque de Raymond Carver, novelliste américain faisant l'objet d'une adulation posthume, qui, dans les années 1980, réintroduit, par syncrétisme avec les codes de la métafiction qui avaient prévalu, un réalisme distancié à l'ironie cruelle avec une approche décalée, dans l'écriture narrative, de personnages de la middle-class étasunienne.
Avec la collaboration à la dramaturgie de Marion Stoufflet, il a réagencé plusieurs textes pour concevoir un opus bi-partite sur le fonctionnement du couple, thématique essentielle de l'auteur, qui se développe en couples entre eux scandé par les leitmotivs "Les gens n'en ont rien à foutre des autres" et "Rien ne change jamais" et le couple entre soi" sur le motif "Nous ne vieilirons pas ensemble".
Façon "short cuts", la partition se déroule dans un décor façon "bric-à-brac" de James Brandily aménageant plusieurs espaces scéniques imbriqués dans lequel la mise en scène de Guillaume Vincent maîtrise les glissements progressifs de l'un vers l'autre sur le mode du fondu-enchaîné cinématographique.
Et il a réuni une troupe de comédiens émérites pour incarner des archétypes de "wasp", loosers, frustrés et névrosés ordinaires autocentrés dont le point commun, outre de former des couples interchangeables, tient à leur état de dérilection, obsédés par la solitude, la maladie, la mort, la jalousie, l'adultère et autres maux existentiels même s'ils ne sont pas des intellectuels, et d'incommunicabilité.
Emilie Incerti Formentini,Victoire Goupil, Florence Janas, Stefan Konarske, Cyril Metzger, Alexandre Michel, Kyoko Takenaka et Charles-Henri Wolff campent parfaitement les personnages carvériens contraints ou empêchés à la fois drôles et pathétiques. Comme dans la vraie vie qui s'avère toujours cruelle. |