Aujourd’hui, le festival est plein à craquer. Après un vendredi bien chargé, j’ai décidé de prendre mon temps, je sais que je raterai de beaux concerts, mais j’ai envie de profiter un peu.
Je commence donc tout en douceur avec Marc Melià qui joue son magnifique Music for Prophet à la Salle de l’Institut. J’avais adoré l’album et le découvrir en live me met l’eau à la bouche. Autant être clair, je serai partial, complètement. J’ai adoré.
Le son du Prophet me touche, réminiscence de mon enfance Dr Freud, et je ne peux tout simplement pas lutter contre la sensation de plaisir qui m’envahit à l’écoute de ces chaudes nappes analogiques. Les titres s’enchaînent et si Marc Melià prend parfois le micro pour expliquer sa démarche, ce sont bien ses compositions qui nous parlent le plus. Pour être tout à fait honnête, le public n’adhère pas complètement et la salle est clairsemée. Béotiens. Non, le choix plutôt radical du musicien bruxellois peut être rebutant, mais il tire de son Prophet des sons merveilleux et ses morceaux sont riches et pleins de surprises. Quelques lignes mélodiques au vocoder viennent éclairer le tout. Je profite jusqu’à la dernière note et je prends la route du 108 pour découvrir Flamingods.
Ce groupe est un mélange. De nationalités, de culture, d’instruments de musiques, ces gars-là mélangent tout. Enfin, vous voyez ce que je veux dire. D’un morceau à l’autre, on retrouve le batteur au clavier, le clavier à la guitare, l’autre batteur à la basse, bref ce n'est pas un groupe, c’est une communauté hippie. Notez, je dis ça sans aucune méchanceté ou ironie, et à bien y réfléchir, ce n’est pas complètement insensé. Flamingods, c’est une sorte de tribu hippie sous perfusion de rock des 70’s, de funk, d’électro et d’un peu tout ce qui est passé par leurs oreilles et les a inspirés. Comme tous les mélanges, quand on en met trop, ça peut finir par donner un tout uniforme maronnasse. Mais les 5 garçons s’en sortent avec ce petit plus d’intelligence qui redonne du relief à l’ensemble.
A la Scène Nationale passe Pale Grey, dont le nom m’évoque une ambiance un peu plus automnale que le temps du jour, mais ça colle bien avec mon humeur du jour. Le trio annoncé est venu à quatre et emporte son public. Le groupe belge fait du bon rock à synthé, plus énergique que ce que j’avais supposé. Je n’avais pas pris le temps d’écouter et le dossier de presse vantait une "pop douce et aérienne, folk légère et singulière", mais le live envoie plus que ça. Tant mieux.
J’entends parler de Tamino et j’ai l’impression qu’il ne faut pas rater ça. Je repars donc à la Salle de l’Institut, presque pleine alors que le concert vient à peine de commencer. C’est beau. Un beau jeune homme pose sa belle voix sur de belles chansons agrémentées de beaux arrangements. C’est si beau que je suis triste de ne pas me sentir bien dans cet univers. Je n’ai rien à reprocher à Tamino qui livre un très beau concert – le public réagit franchement et du fond du cœur. J’ai peut-être la sensation que c’est un peu trop lisse à mon goût, mais je crois surtout qu’il y a des rencontres que l’on rate, question de moment et ce jour-là, ce n’était pas le bon. Je quitte donc le chanteur belgo-egyptien-libanais (à lui tout seul, et oui, après un vendredi très suisse, ce samedi commence très belge).
Je vais donc prendre une bière au Jardin de l’Évêché, je pensais voir le dernier quart d’heure de Bad Nerves, j’en verrai un peu plus.
Je croise en passant le gratin du rock Orléanais, et des têtes bien connues des lecteurs de webzines musicaux. On ne discute pas, ou seulement entre les morceaux, impossible le reste du temps.
Les Bad Nerves portent bien leur nom, et leur rock défonce. On dirait un gros groupe australien ou américain mais de Londres. J’ai eu peur un instant qu’ils soient belges, mais non, cette fois le son britannique m’avait mis sur la bonne voie.
Je profite jusqu’au dernier morceau puis je vais à la Scène Nationale écouter un bout de Gramme avant de filer voir La Jungle.
Le groupe débarque sur scène au compte-goutte. Batterie seule d’abord, rythme droit, punchy mais pas lourd, puis arrive le bassiste qui assure le show, le clavier beaucoup plus discret et la chanteuse. Ils lancent leur groove rock-dance, ou pop-électro-rock, enfin, rock mais au service de titres énergiques et dansants. Les quatre donnent de leur personnes avec une très grande générosité, Gramme c’est de l’énergie, du bonheur, de la puissance, une chanteuse magnifique (et je ne parle pas de physique), un public que saute, une très bonne surprise.
Un rapide coup d’œil à ma montre, il est temps de filer voir La Jungle. Je retrouve un groupe de copains dans la rue, et on part ensemble vers le Centre Chorégraphique où se produit le duo belge ( ! ) de La Jungle. La queue à l’entrée nous décourage un peu, et on a tous envie de voir The Limiñanas… donc on reprend la route, direction le Jardin de l’Évêché.
Voilà l’autre groupe dont je voulais profiter du début à la fin. Le célèbre duo est très nombreux sur scène. Ça joue en puissance, j’ai les poils qui se dressent. J’oublie de prendre des notes et il ne me reste que des sensations sur lesquelles j’ai du mal à mettre des mots. C’est un des paradoxes des concerts, ce sont des moments que l’on vit tous ensemble, on y partage une énergie et une émotion incroyable et pourtant, on y vit chacun une histoire différente. J’ai adoré voir The Limiñanas mais pour une raison que j’ignore, c’est un moment qui m’a ramené à l’intérieur de moi. Une chose est sûre, je sortirai de ce concert avec des étoiles dans les yeux. J’ai envie de rester là-dessus, mais je voulais voir Life, boire une bière et manger une frite. C’est bon la musique, ça nourrit l’âme, mais mon ventre crie famine.
Je termine donc ce Hop Pop Hop 2018 avec un programme riche. Et rock. Life, c’est fougueux, sauvage, un gros shoot de distorsion avant de repartir, ça décoiffe, sentiment de voir leurs tripes se répandre sur scène. Une bonne façon de conclure un festival qui ne triche pas et s’impose comme un évènement incontournable de la scène émergente.
PS : Comme l’an passé, je repars avec des regrets (c’est le jeu du festival, et que serait la vie sans un soupçon de frustration ?) : les orléanais Ctrl-Z, Bo Bun Fever ou encore The Patient, les rockeurs de La Jungle, Le Comte (malheureusement malade), Phœnician Drive (malade aussi), l’avenir me dira si j’ai raison d’avoir des regrets !
PS2 : un très grand merci à Fabien Pondard pour la photo de Flamingods. |