Avec la collaboration de la Fondation Mucha, la Réunion des Musées Nationaux propose une incursion dans l'Histoitre de l'Art au tournant des 19ème et 20ème siècle avec l'exposition monographique consacrée à Alphonse Mucha, figure du Paris de la Belle Epoque et chantre du mouvement artistique Art nouveau.
Sous le commissariat de Tomoko Sato, conservatrice à ladite fondation, la monstration scénographiée par l'Atelier Maciej Fiszer, qui mise sur les grands volumes du Musée du Luxembourg avec un parti pris affirmé de contrastes tant chromatiques que lumineux, permet de synthétiser son graphisme novateur en matière d'arts décoratifs qui a donné naissance au "Style Mucha" avec ses illustrations évanescentes et lumineuses et de découvrir sa "dark face" avec une oeuvre picturale, sans doute méconnue du grand public, portée par un humanisme mystique.
Alphonse Mucha, le pape de l’Art nouveau français et le chantre de l'épopée slave
Révélé en 1894 par l’affiche créée pour Sarah Bernhardt, dont il deviendra l'affichiste attitré, pour la pièce de Victorien Sardou "Gismonda", Alphonse Mucha, le "Bohêmien" né en Moravie qui est déjà un illustrateur chevronné qui a fait ses classes à Prague, connait un immense succès
Un succès lié, d'une part, à des circonstances conjoncturelles, la vague de slavophilie et l'affichomanie induite par le développement de la chromolithographie en couleur, l'édition de masse des reproductions et le développement des publicités commerciales.
Et d'autre part, il se distingue et se démarque du style réaliste des autres affichistes ayant pignon sur rue tels Chérec, Steinlein et Toulouse-Lautrec. Car il opère par syncrétisme stylistique à partir d'un répertoire de motifs décoratifs qu'il compilera en 1902 dans un portfolio intitulé "Documents décoratifs" destiné aux artisans, décorateurs et étudiants en beaux-arts.
Ainsi il hybride des motifs ornementaux de toutes origines et tous styles, du gothique au rococo, du Japon à l'Islam et, bien évidemment, des éléments traditionnels de l'iconographie tchèque qui tiennent à l'art byzantin, tel le halo emprunté aux icônes (Série sur les Arts), le baroque qui préside au décor des églises tchèques et l'artisanat populaire marqué par le décor végétal et floral.
Ensuite par une esthétique en résonance avec les codes du symbolisme, un chromatisme en demi-tons pastels et surtout par l'élaboration d'un canon de beauté féminine avec une femme idéalisée à la chevelure en cascades volupteuses vêtue de vêtements fluides à l'antique qui révèle des courbes langoureuses.
Et il va exporter son style dans tous les registres des arts décoratifs, la décoration intérieure avec des panneaux décoratifs ("Les Quatre Saisons"), les arts de la table, les étiquettes pour les produits de consommation, comme pour la biscuiterie Lefèvre-Utile et les champagnes Ruinart et Moët & Chandon, et la bijouterie.
Croyant à l'union spirituelle de l’humanité, il réalise des illustrations de la prière de la liturgie chrétienne "Le Notre Père" qu'il publie en 1899 sous forme d'un livre illustré intitulé "Le Pater" conçu comme un message aux générations futures et se dirige vers une production picturale plus ambitieuse.
Militant nationaliste, il retourne en son pays natal en 1910 et va se concentrer sur son grand oeuvre, "L'Epopée slave" composée d'une série de vingt toiles monumentales retraçant de manière héroïque l’histoire des peuples slaves ressortant à la peinture d'histoire académique.
Ces toiles offertes par Mucha en 1928 à la ville de Prague à l’occasion du 10ème anniversaire de l’indépendance du pays sont présentées dans un montage vidéo sur double écran panoramique qui donne la mesure de ces compositions qualifiées de "péplum en Europe centrale".
Les oeuvres tardives du peintre s'inscrivent dans le même registre avec des toiles, des cartons pour vitraux d'églises et les études pour son ultime triptyque représentant Les trois Ages, la Raison, la Sagesse et l’Amour.
A noter que qu'un cycle de conférences gratuites sur réservation se déroulera au Centre culturel tchèque.
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