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Abnousse Shalmani  (Editions Grasset)  août 2018

"Ma mère était une créature féerique qui possédait le don de rendre beau le laid. Par la grâce de la langue francaise, je l’avais métamorphosé en Alchimiste. C’était à ça que servaient les mots dans l’exil : combattre le réel et sauver ce qui restait de l’enchantement de l’enfance."

Ces superbes mots sont ceux d’Abnousse Shalmani, née à Téhéran, qui a dû s’exiler à Paris en 1985, suite à la révolution islamique qui a secoué son pays natal. Abnousse Shalmani, après un début de carrière dans le journalisme et le cinéma, est revenue à sa vraie passion, la littérature avec un premier livre remarqué publié chez Grasset, Khomeiny, Sade et moi. Elle revient aujourd’hui avec un nouveau roman, toujours chez Grasset, Les exilés meurent aussi d’amour.

L’ouvrage nous raconte l’histoire de Shirin, neuf ans, quand elle s’installe à Paris avec ses parents, au lendemain de la révolution islamique en Iran, pour y retrouver sa famille maternelle. Dans cette tribu de réfugiés communistes, le quotidien n’a plus grand chose à voir avec les fastes de Téhéran. Sbhirin découvre que les idéaux mentent et tuent ; elle tombe amoureuse d’un homme cynique ; s’inquiète de l’arrivée d’un petit frère œdipien et empoisonneur ; admire sa mère magicienne autant qu’elle méprise de se laisser humilier par ses redoutables sœurs ; tente de comprendre l’effacement de son père et se lie d’amitié avec une survivante de la Shoah pour qui seul le rire sauve de la folie des hommes.

Trois étapes de l’exil de Shirin sont racontées dans l’ouvrage : son enfance, l’adolescence et l’âge adulte. Elles évoquent au final son arrivée dans un pays qu’elle ne connaît pas, la découverte de ce pays puis son intégration.

En faisant le choix de traiter de l’exil sous la forme fictionnelle, et même si sa fiction se rapproche de son histoire personnelle, Abnousse Shalmani s’offre une liberté de ton qu’elle n’aurait pu avoir dans un récit autobiographique. Les personnages de son roman lui permettent alors de nous dépeindre magnifiquement les nuances de la société iranienne dans ce qu’elle peut avoir de plus sombre ou de merveilleux. Chaque personnage est une personne à part entière, discrète, simple, bienveillante, manipulatrice, aimante ou bien encore torturée. Et c’est autour de cette famille tourmentée que va se construire la jeune fille. Shirin est une enfant qui va avoir du mal à se faire une place, coincée entre deux cultures opposées, la culture iranienne et française.

Le livre évoque à merveille les poids des traditions iraniennes au travers des relations particulières existantes entre les différents membres de la famille de la petite. Il y a d’abord les relations entre les sœurs de sa mère, une mère qui se retrouve sous l’autorité de ses aînés. Il y aussi la relation particulière entretenue par ses parents, que Shirin nous décrit avec ses yeux d’enfants, relation quasi dénuée de contacts physiques et de gestes de tendresse, sans que pour autant elle soit dénuée de sentiments. Il y a enfin l’amour maternel qui se transmet en grande partie au travers de la cuisine, des plats que lui prépare sa maman qui font l’objet de superbes pages dans le livre. Enfin, il y a aussi la relation évoquée par l’enfant entre le grand-père et ses filles, relations qui semblent très particulières, semblant cacher de lourds secrets de famille.

Les exilés meurent aussi d’amour - je trouve le titre sublime - est un grand livre sur l’émanciation, au travers notamment de l’apprentissage de la langue française. On y voit une enfant s’intégrer, au fil de sa vie, en ne reniant jamais ses origines. Et c’est aussi un grand livre d’amour, dans tous les sens du terme, qu’il soit familial ou contrarié et maternel aussi. Enfin, c’est un beau livre sur l’Iran, ce pays que l’auteur nous dépeint en intégrant à son récit des contes persans qui font écho aux personnages du livre.

Abnousse Shalmani est donc un auteur que je viens de découvrir avec un immense plaisir. J’ai adoré son écriture, mélange d’humour et de cynisme. J’ai aimé le ton décalé utilisé, celui de l’enfant, souvent plein d’humour même face à des situations qui ne sont pas toujours drôles. L’écriture d’Abnousse Shalmani est aussi forte et intense, nous faisant passer avec talent du rire aux larmes. Ces personnages sont justes incroyables, parfaitement réalistes et la fin de l’ouvrage est d’une beauté sidérante.

Les exilés meurent aussi d’amour est donc un superbe livre que je vous invite fortement à découvrir.

 

Jean-Louis Zuccolini         
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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
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