Textes de Pier Paolo Pasolini et Guillaume Le Blanc, mise en scène de Catherine Marnas, avec Julien Duval, Franck Manzoni, Olivier Pauls, Yacine Sif El Islam et Bénédicte Simon.
Autour d'une plateforme en bois sur laquelle demeurent les vestiges d'un radeau que la mer (la société) a mis en piteux état, des personnages vagabonds s'échouent.
En ouverture, on entend le texte très fort de "La disparition des lucioles", métaphore d'une société en déclin, écrit par Pasolini quelques mois avant sa mort en 1975.
Marquée depuis toujours par l'oeuvre et la personnalité de Pier Paolo Pasolini, Catherine Marnas en propose avec sa troupe habituelle, un spectacle patchwork en forme d'hommage, qui interpelle également sur la montée du fascisme. Un très beau travail vidéo de Ludovic Rivalan ainsi que le son toujours judicieux de Madame Miniature composent un environnement idoine.
Catherine Marnas a fait appel pour compléter les mots du poète-écrivain-réalisateur italien (qui peuvent prendre la forme de citations, d'extraits de films ou d'interviews) au philosophe et écrivain Guillaume Le Blanc dont le texte se veut être un écho actuel aux préoccupations de Pasolini.
Il en résulte un spectacle hybride, inégal mais respectueux de l'oeuvre, forcément incomplet mais qui donne envie de lire et revoir la bibliographie et la filmographie de l'auteur d'"Accattone". Elle a de plus le mérite de faire entendre la parole visionnaire de Pasolini qui, il y a un demi-siècle, annonçait déjà le naufrage à venir d'une société perdant des valeurs essentielles comme la solidarité, et du même coup le bonheur...
Une oeuvre en mouvement faite pour plaire aux plus jeunes (à qui on fait quelques concessions de langage) et qui propose des moments de grâce comme le coup de gueule d'un comédien (Yacine Sif El Islam, très juste) sur la pertinence du propos de ce spectacle ou une chorégraphie collective poignante. On garde aussi la grande émotion de la toujours excellente Bénédicte Simon.
Mais les autres comédiens (Julien Duval, Franck Manzoni et Olivier Pauls) ne déméritent pas non plus de ce spectacle d'où il émane une grande fraternité et tous font de "La Nostalgie du futur" un grand bazar chaleureux et désespéré salutaire qui donne envie encore de croire aux lucioles. |