Dans
"Coule la Seine" qui regroupe trois nouvelles
avec la Seine en fil bleu, Fred Vargas nous promène
dans un Paris intemporel, illustré par Edmond Baudoin, à la manière
de Léo Mallet, au rythme des pas d'Adamsberg dont "il ne faut
pas croire qu'il ne fout rien sous prétexte qu'il ne fout rien".
Le récurrent commissaire Adamsberg, qui se fie à l'instinct et
croit aux forces de l'humanité, arpente les berges de la Seine dans "Salut
et liberté" et "Cinq francs pièce" et traque le
meurtrier d'une femme qui a basculé dans la Seine le jour de Noël
dans "La nuit des brutes".
A quoi tient la résolution des meurtres ? Au hasard, au détail,
à l'évènement singulier comme toujours chez Vargas : le
tailleur au chômage qui campe devant le commissariat, l'oiseau sur la
photo... mais également dans la collaboration des savoirs et dans la
confrontation des fausses pistes.
Le format des nouvelles impose une exercice difficile mais Vargas ne s'en laisse
pas conter. Une écriture travaillée, directe et incisive mais
humaniste lui permet, en quelques pages, de cerner plus que des silhouettes
et de camper plus que des situations. Elle parvient à donner chair et
consistance à tous ses protagonistes, même les plus secondaires,
leur portrait se complétant au rythme du dénouement de l'intrigue.
Excellente introduction à l'univers de Vargas. |