D.J. Duncan
(Editions Monsieur Toussaint Louverture) octobre 2018
En 1965, David James Duncan a treize ans, son frère John, qui en a dix-sept décède des complications d’une opération à cœur ouvert. Le récit de la mort de son frère est étroitement lié à la genèse des Frères K, ouvrage écrit par D.J. Duncan en 1992 qui vient d’être publié aux éditions Monsieur Toussaint Louverture.
La fin prématurée de son frère l’a fait s’interroger sur la manière dont ce frère aurait, s’il avait encore été en vie, abordé la guerre du Vietnam et les années 60. C’est donc un hommage à ce grand frère que nous propose l’auteur avec cet ouvrage dans lequel il va s’imaginer trois grands frères pour nous parler de l’histoire de sa famille, en lien avec les événements historiques de cette époque.
Les frères K nous embarquent, le mot est faible, dans les méandres de la famille Chance. Entre un père aux rêves brisés par un accident à l’usine et une mère obsédée par la religion, entre les sirènes de la liberté et le fanatisme, les enfants Chance vont devoir appréhender une Amérique en pleine effervescence. Everett est un rebelle à la langue bien pendu qui souhaite renverser toutes formes d’autorité. Peter lui, est un intello bohème, qui se construit méthodiquement ses propres croyances tandis qu’Irwin est un géant innocent qui suit inconditionnellement sa foi. A leurs côtés, deux sœurs jumelles, Bet et Freddy, proches de leur mère.
L’histoire nous est racontée par le quatrième frère, autour d’une famille composée de deux clans s’intéressant d’un côté au baseball et de l’autre à la religion. Le premier clan est composé du père, un ancien bon joueur de baseball et de ses trois fils qui vouent une profonde admiration à ce sport. En face, la mère, les deux filles et le dernier frère qui eux sont guidés par un culte protestant rigide.
La famille va nous faire traverser vingt ans de l’histoire des Amériques, à partir du début des années 60, vingt ans marqués par le conflit vietnamien et la guerre, par des contestations sociales aussi. L’auteur va nous offrir un roman monumental qui, malgré quelques longueurs au départ sur le baseball, s’avère être au final un livre possédant tout, l’émotion, l’humour, la tendresse et une profondeur d’écriture qui en font un très grand livre.
Les frères K est alors une peinture lumineuse des relations humaines au cœur de l’Amérique. C’est l’histoire de deux décennies d’amour, de colère et de regret qui nous emmènent dans l’enfer militaire vietnamien mais aussi dans une Inde rocambolesque et dans le trou le plus perdu et le plus humide du Canada. A la baguette de tout cela se situe un immense écrivain, D.J. Duncan, de ceux qui marquent les lecteurs, un chef d’orchestre à l’écriture subtile pour narrer la palette de sentiments existants autour de la vie d’une famille et de son éclatement.
Les frères K va vous remuer les tripes, c’est une évidence tant vous passerez par diverses émotions au cours de sa lecture. C’est un livre ambitieux, radieux, drôle et profondément touchant dont je me souviendrais longtemps.
Jean-Louis Zuccolini
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