Monologue dramatique de Adel Hakim interprété par Antoine Basler.
Dans un pays en guerre civile endémique, une seule alternative : partir, quand cela est possible, ou rester. L'exil ou le combat car rester implique que la neutralité est impossible.
Parce que le principe de réalité s'impose de manière pragmatique : n'appartenir à aucun "clan" implique être l'ennemi de tous. Et cette appartenance, notamment pour les enfants de la guerre, ne résulte pas du libre arbitre mais de la naissance.
Telle est la tragédie individuelle que le comédien et metteur en scène Adel Hakim développe en 1990 dans un monologue dramatique époustouflant, tant de modernité que d'acuité, autour la dialectique de la violence et de la permutabilité bourreau-victime, avec entre témoignage et confession, le destin d'un homme en perdition.
Né dans une famille adamite dont le Dieu, "Le Grand Conciliateur", plein de douceur, de tendresse et de souffrance, doit être protégé par ses fidèles, germe du fanatisme, l'enfant innocent et apeuré est devenu un combattant connu sous le matricule "Exécuteur 14"
Le comédien suisse Antoine Basler s'empare de cette partition aussi terrifiante que poignante qu'il dispense dans une scénographie abstraite et esthétisante, en contrepoint de tout réalisme naturaliste, avec des néons matérialisant la maison et une cimaise de la couleur symbolique du sang. Hallucinant dans "Jester Show", habité en l'espèce par le personnage que le processus de survie entraîne dans l'impitoyable logique de guerre, il en livre une remarquable incarnation.
|