Spectacle de théâtre musical écrit par Abdelwaheb Sefsaf, mis en scène de Abdelwaheb Sefsaf et Marion Guerrero, interprété par Abdelwaheb Sefsaf accompagné par les musiciens Georges Baux et Nestor Kéa. Après un percutant "Médina Mérika", Abdelwaheb Sefsaf, auteur-comédien-chanteur, Georges Baux, réalisateur, arrangeur et compositeur, et Nestor Kéa, DJ multi-instrumentiste roi du beatmaking, les trois compères de la Compagnie Nomade In France et du groupe de world-électro Aligator, reprennent la route, toujours sous la direction de Marion Guerrero.
Après "une histoire d’un rêve américain depuis la médina sur fond de luttes fratricides et de printemps arabe à la dérive", Abdelwaheb Sefsaf revient sur les nécropoles arabes contemporaines, telle la Méditerranée devenue l'ossuaire des migrants d'Afrique, symbolisées par la superbe scénographie de Souad Sefsaf mise en lumière par Alexandre Juzdzewski.
Ainsi, un monumental crâne de métal et des chaises-stèles portent ciselés en creux les mots de l'opus "Le mort n°18" du poète palestinien Mahmoud Darwich.
Mais pour "Si loin, si proche",sous-titré "Une saga franco-algérienne", conçu sur le mode du récit-concert pour "ramener les étoiles de l'enfance", Abdelwaheb Sefsaf trempe sa plume dans l'encre du souvenir pour retracer son jeune âge d'enfant d'émigrés algériens des années 70-80 né en France .
Une expression qui n'est pas un simple ancrage chronologique mais renvoie à la thématique de la terre promise, plus précisément, en l'espèce, celle du retour à la terre natale qui permettait à cette génération d'émigrés de supporter un exil conçu comme provisoire.
Et Abdelwaheb Sefsaf tresse, en mots, poèmes et chants de son cru, une ode à l'amour, l'amour des siens, de ses parents, son père, marchand ambulant de primeurs, passionné par la politique et l'Algérie qui économise pour construire la maison du retour, ses soeurs qui trimaient comme un homme alors que la tradition veut qu'elles ne valent que la moitié, et surtout sa mère.
Une mère férue de feuilletons égyptiens et de chansons de variété, à laquelle il dédie un autre poème de Mahmoud Darwich, le sublime "A ma mère". Une femme au foyer et mère de famille nombreuse dont le point d'honneur était d'avoir des enfants bien élevés menés au doigt et à l'oeil et dont les incartades étaient, dans une maisonnée où François Dolto n'avait pas droit de cité, sanctionnées par des taloches et l'emploi du fameux martinet depuis devenu "hors-la"loi" qui n'a certes pas entamé l'amour filial.
Les tribulations familiales, dont celle du mémorable voyage pour le mariage du fils aîné installé au "bled" qui transformera en mirage le projet de retour, sont narrées comme une épopée tragi-comique avec autant de réalisme sensible que d'humour aussi tendre que décapant nourri d'autodérision sur une partition musicale au groove addictif largement instillée de rythmes orientaux dispensée par Georges Baux à la guitare et aux claviers, et Nestor Kéa, aux platines, guitare et boîtier électronique.
Ils accompagnent Abdelwaheb Sefsaf qui, avec sa voix grave et profonde aux intonations à la Charlélie Couture, est l'acteur et le conteur de sa vie. |