Réalisé par Mamoru Hosoda. Japon. Animation. 1h38 (Sortie le 26 décembre 2018).
Cette fin d'année 2018 aura été fertile en grands films d'animation, à commencer par "Dilili à Paris" de Michel Ocelot et plus récemment "Pachamama" de Juan Antin. Après ces merveilles françaises, les Japonais devaient frapper fort pour être à la hauteur. C'est fait !
Avec "Miraï, ma petite soeur" de Mamoru Hosoda, le Studio Chizu prend définitivement la relève du Studio Ghibli qui dominait le domaine du dessin animé avec les monuments nationaux qu'étaient Isao Takahata et Hayao Miyazaki.
Mamoru Hosoda, dont on avait déjà apprécié "Le Garçon et la bête" et surtout "Les Enfants loups Ame et Yuki", entre ici définitivement dans la cour des Grands. Immense succès dans son pays, "Miraï, ma petite soeur" fait entrer le dessin animé nippon dans le cadre de l'intimité familiale.
Finis les dragons, les personnages bizarroïdes comme Totoro, les esprits issus de la forêt comme les tanuki, Hosoda s'intéresse à la cellule familiale. Kun est un petit garçon qui fait la loi dans la belle maison dessinée par son père architecte... mais la vie en a décidé autrement.
Désormais, en plus de son père et de sa mère, et d'un petit chien espiègle, entre dans le cercle familial un cinquième personnage : sa petite sœur Miraï... Et c'est peu dire qu'il prend mal la nouvelle, à l'instar de son compagnon canin.
Toute l'histoire de "Miraï, ma petite soeur" de Mamoru Hosoda est celle d'un apprentissage difficile de la condition de grand frère et, encore mieux, la compréhension par un enfant que le monde bouge sans arrêt, qu'il n'y a pas de point fixe, que la vie et la mort s'entrelacent dans l'existence de l'humain qu'il est.
Sans avoir recours au fantastique et à des mondes parallèles, Mamoru Hosoda donne aux petits Japonais une leçon légère de métaphysique. L'aventure est au coin de la rue et aussi à l'intérieur de cette belle maison qui ne cessera de grandir avec le enfants dans cette ville que l'on voit dans une "vue aérienne" dessinée avec précision, maison par maison.
Mais l'univers de Kun et Miraï n'est pas que circonscrit dans ce territoire remarquablement évoqué. Il est aussi intérieur et s'il y a trace de fantaisie, c'est dans le cœur et l'esprit des enfants qu'on la trouve.
Car Kun bambin est visité - et conseillé - par le Kun adolescent que l'on voit en vrai. Peu à peu, on ne saura plus si l'on est dans le passé, dans le présent ou dans le futur puisque le Kun garçonnet ou la Miraï bébé viendront à leur tour parler au Kun ado et à la Miraï fillette...
Sans doute, certains trouveront parfois mièvre cette histoire très familiale où le père accepte de mettre entre parenthèses son travail pendant que sa femme poursuit sa carrière. Évidemment, cette inversion des rôles ce sera l'occasion de maladresses paternelles que d'aucuns trouverons un peu niaises.
Mais, comme tous les autres spectateurs, ils admettront que "Miraï, ma petite soeur" de Mamoru Hosoda est d'une immense beauté formelle. Toute la partie "ferroviaire" du film sera l'occasion de plans quasi abstraits qui montrent que le réalisateur n'en a pas fini d'explorer le genre dont il est en train de devenir l'un des maîtres. Cela laisse augurer d'autres films encore plus beaux et plus complexes. On s'en régale d'avance. |