Comédie dramatique écrite et mise en scène par Christophe Casamance, avec Fatima Soualhia Manet et Bruno Coulon. Après "Marguerite et moi", voyage en Durassie communiste, et "Too Much Time, Women in prison", théâtre documentaire sur les femmes en prison, la Libre Parole Compagnie présente avec "Roi et Reine" un troisième volet sur la thématique de la précarité contemporaine. Inspiré par une des illuminations rimbaldiennes, Christophe Casamance a conçu une comédie noire, et néanmoins baroque, qui commence par le dernier jour du règne d'un couple de clochards beckettiens.
Les termes "roi" et "reine" se rapportent également au vocabulaire échiquéen, l'auteur est un passionné du jeu d'échecs, indiquant qu'il suffit parfois d'un déplacement ou d'une combinaison inapproprié pour déterminer le sort de la partie qui se livre avec la vie, adversaire omniscient, et la société impitoyable qui monopolise l'usage du pat. La partition se déroule à rebours dans une scénographie désaturée de "no man's land" de Marta Pasquetti évoquant une stèle funéraire métaphore de la société occidentale, et sous les lumières crépusculaires de Flore Marvaud, pour relater les épisodes de l'inéluctable déchéance de ces SDF, français est-il précisé, pris au piège d'un amour improbable.
A la direction d'acteur, point de misérabilisme ni de pathétisme. Christophe Casamance mise sur une pseudo-distanciation tragi-comique et la théâtralisation maîtrisée opérée par Bruno Coulon, parfait en paradoxal veule violent, et Fatima Soualhia Manet magnifique en reine déchue. Un très bel opus militant contre la condamnation morale et l'exclusion sociale à inscrire à leur actif.
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