Comédie de William Shakespeare, mise en scène de Matthieu Hornuss, avec Patrick Blandin, Elise Noiraud(en alternance Aymeline Alix), Thomas Nucci, Matthieu Hornuss, Lisa Spurio et Olivier Dote Doevi. "Le Songe d'une nuit d'été" de William Shakespeare en format court avec une distribution de six comédiens, tel est le challenge réussi par Matthieu Hornuss, avec la collaboration artistique de Elise Noiraud.
Ainsi a-t-il opté pour une version très resserrée de l'opus original qui a le mérite d'opérer un élagage éclairé sans nuire à la compréhension de ses intrigues imbriquées, la folle nuit de trois couples aux prises des sortilèges, et en adéquation avec la facétie de l'auteur qui s'exerce sur les ancestrales croyances que sont l'amour au premier regard, le fameux coup de foudre déclenché par la flèche cupidonesque, et l'amour aveugle.
De plus, il signe une mise en scène qui s'affranchit de la convention de l'illusion théâtrale comme de la tentation de l'intellectualisme pédant avec le parti pris du théâtre de divertissement, qui, au demeurant correspond au registre de la partition, "Les Feux de l'amour" version baroque avec des effets burlesques et fantastiques, et le surjeu y afférant, sans toutefois verser dans la parodie même s'il s'autorise quelques inattendus anachronismes pour les intermèdes en puisant dans le répertoire de Wlliam Sheller et le cinéma avec le thème musical du film "Rocky".
Enfin, pour camper la forêt de tous les possibles dans laquelle s'épanouit ce songe des égarements, point de scénographie pompeuse mais l'efficace adéquation d'une superbe créativité avec quelques stalagmites feuillues dans lesquelles des ampoules lumineuses à l'intensité variable gérées comme les lumières par Idalio Guerreiro par font office de lucioles.
A la veille du mariage de Thésée, le duc d'Athènes, avec la reine des amazones Hyppolita, cette frondaison devient le lieu de l'amour contrarié de Hermia et Lysandre de l'amour transi de Héléna pour Démétrius et de répétition pour les villageois comédiens dans un spectacle prévu pour les festivités. Mais il constitue le domaine des fées dans lequel le roi Obéron, en bisbille conjugale avec Titania, va jouer au sorcier par lutin gaffeur interposé, le fameux Puck. En costumes d'époque confectionnés par Marion Rebmann, les interprètes Patrick Blandin (le duc et le roi des fées), Elise Noiraud (Hyppolita, Héléna et Titania), Olivier Dote Doevi (Lysandre), Matthieu Hornuss (Démétrius), Lisa Spurio (Hermia), ces trois derniers également dans le rôle des villageois tout comme, et mention spéciale pour son abattage comique, Thomas Nucci également en père autoritaire et en désopilant Puck, dispensent plusieurs rôles enchaînés avec fluidité et quasiment à vue.
L'affaire est rondement menée avec une belle choralité sous la solide direction de Matthieu Hornus et la prestation de tous et de chacun, sans même l'intercession de Puck en guise d'épilogue, n'encourt certes pas ni sifflets ni critique malveillante. |