Une musique qui ne s’ouvre pas aux autres esthétiques, qui préfère regarder docilement en arrière, qui préfère la facilité et la douce résignation des habitudes et de l’entre-soi à l’aventure est une musique qui se meurt. Le jazz, désolé pour les grincheux et les rétrogrades, et une musique bien vivante et ne s’est jamais restreint à une esthétique. Et puis qu’importe que l’on parle de jazz, de pop, de folk, ou de rock l’important est de parler de musique.
Il va sans dire que toutes ces classifications, toutes ces cases n’ont de sens qu’en tant que repères pratiques et commodes et qu’elles demeurent labiles et controversées dès qu’il s’agit de les déterminer synthétiquement. Et justement la musique d’Anne Paceo est variée, métissée, elle est à la croisée des chemins : jazz, électro, pop, soul, musiques du monde. Sa musique est un tout. Universelle. Et plus elle est multiple, plus elle lui est personnelle. Même quand elle parle dans ce disque dans le titre "Nehanda" de Nehanda Nyakasikana, révolutionnaire Zimbabwéenne, de la crise migratoire dans "Stranger", de l’évolution de la personnalité dans "The Shell", de l’autre dans Bright Shadows. C’est peut-être une indication du titre : Bright pour la musique, pour les atmosphères musicales et shadows pour les paroles et les thématiques.
Une musique personnelle mais qui ne tourne pas uniquement autour d’elle. La batteuse, chanteuse en est le cœur pulsionnelle, l’esprit mais elle sait aussi s’effacer, pour laisser de place aux voix naturellement mais pas que. Un groove comme éloigné mais totalement présent. Être là au service de la musique et non au service de sa propre virtuosité, parce qu’il y a une véritable virtuosité. Il y a une force, une intensité, grâce aussi à l’interprétation impeccable des différents musiciens : Florent Mateo et Ann Shirley au chant, Pierre Perchaud à la guitare, Christophe Panzani au saxophone et Tony Paeleman aux claviers. Des lignes mélodiques claires et poétiques, des textures jazz, électro, pop, soul, musiques du monde donc... Et c’est tellement plus beau une musique ouverte et colorée que sentant le renfermé.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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