Le chien de la couverture me fait penser à l’hilarant (et libidineux) agent F chantant "va t’en va t’en, ferme la porte", accoudé à la vitre d’une grosse cylindrée. Pourvu que ce soit celui-ci qui inspira le sixième roman de Stéphane Carlier pour Le chien de Madame Halberstadt.
D’une plume à croquer des pommes, franche et juteuse, l’auteur transporte le lecteur dans la triste vie de Baptise, écrivain médiocre dont la femme s’est barrée avec le dentiste. Alors que les journées mornes et sans saveur s’enchaînent, à déprimer en consultant sans cesse le classement des ventes de son roman et espionner son ex, la voisine toque à la porte.
Et c’est grâce à ses réflexes ankylosées à force de trop moisir sur le canapé que Baptiste se retrouve affublé de la garde du Carlin de Madame Halberstadt. Juste pour quelques jours. Parce qu’elle lui a souvent prêté de la farine ou un paquet de café quand il se trouvait en rade. Parce qu’il est malgré tout bien élevé et que bien demandé, un service ne se refuse pas.
Soit. Croquette est à promener, à nourrir et à abreuver. Rien de bien sorcier. Baptiste s’y colle. C’est accompagné de Croquette qu’il a la joie de voir son ex se disputer avec le dentiste. C’est accompagné de Croquette qu’il a le plaisir de rencontrer la jolie Lois. C’est accompagné de Croquette qu’il en oublie d’espionner son ex. C’est toujours accompagné de Croquette qu’il crée une poétique liste de jolies choses. C’est encore accompagné de Croquette qu’il voit son livre faire une remontada du feu de Dieu dans le classement.
Il en a la certitude. Croquette lui porte chance.
Mais Madame Halberstadt est de retour. Elle récupère son chien. Et la chance de Baptiste tourne. Mais il n’y a pas que ça. Autre chose cloche… Mais quoi ?
Petit format, moins de 200 pages, Le chien de Madame Halberstadt se dévore de bout en bout. L’écriture de Stéphane Carlier est d’une fluidité rare, même les déprimes sont amusantes à lire, on n’en loupe pas une miette.
Roman à la première personne, nous sommes dans la tête de Baptiste, mi-cyniques, mi-compatissants. Il est tellement facile de s’attacher au personnage, tant ses maladresses nous illustrent, tant ses petites victoires nous évoquent nos jours waouh.
Réservé aux amateurs de bulles et aux autres. |