Avec l'exposition "Le Marché de Art sous l'Occupation 1940-1944" conçue sous le commissariat scientifique de Emmanuelle Polack, historienne d'art, et de Marie-Edith Agostini, coordinatrice des expositions au mémorial précité, le Mémorial de la Shoah présente une exposition qui revêt une double finalité, didactique et mémorielle, et un triple intérêt.
En effet, elle s'inscrit dans une démarche historique, celle de l'Histoire de l'Art avec la politique de l'aryanisation opérée par le IIIème Reich et le panorama du marché de l'art en France pendant la période d'occupation allemande et celle de l'Histoire des nations avec la dénonciation des exactions nazies et une contribution à l'histoire des pillages et des tribus de guerre résultant de la spoliation des Juifs de France pendant la période 1940-1944.
Simultanément, sise ce lieu ayant pour vocation la transmission et la valorisation de la mémoire du génocide juif, elle ressort à l'hommage au victimes de l'Holocauste.
Quand le marché de l'art ne s'embarrassait pas d'éthique
Dès l'accession d'Adolf Hitler au poste de chancelier en 1933 qui inaugure le IIIème Reich, entre en vigueur sa politique d'aryanisation qui commence son entreprise générale de purification, de l'artistique, avec la condamnation et l'éradication de l'art moderne érigé en" art dégénéré" consacrées dès 1937 avec l’exposition "Entartete Kunst" de Munich, à l'humain avec l'élimination des Juifs de la vie sociale par la confiscation de leurs biens avant leur extermination.
En France occupée, celle-ci, favorisée par le zèle de l'institution bureaucratique que l'agrégé d'histoire Laurent Joly rapporte dans son ouvrage "L'antisémitisme de bureau", sera activement relayée dès 1941 par le Régime de Vichy ainsi que l'attestent les nombreux documents afférant à la confiscation "légale".
Parmi les biens confisqués figurent au premier rang les oeuvres d'art qui avaient "pignon sur rue", celles détenues par les galeristes parisiens au rang desquels, hors Georges Wildenstein sans doute en raison de la suspicion de collaboration, René Gimpel, Berthe Weill, Pierre Loeb et Paul Rosenberg auquel avait été consacré l'exposition "21 rue La Boétie - Picasso, Matisse, Braque, Léger..." au Musée Maillol en 2017 qui abordait cette question et celle subséquente de leur restitution.
Mais également ceux prélevés au domicile de collectionneurs ou détenteurs privés
qui vont alimenter le marché de l'art parisien qui va s'avérer florissant avec deux millions de transactions faisant de la capitale parisienne la "plaque tournante" de la vente des biens d'origine "non certifiée" et ce, avec la participation active des salles de ventes.
A noter que cette exposition est en entrée libre et gratuite et, pour le visiteur qui souhaite compléter et approfondir le sujet, Emmanuelle Polack a consigné ses travaux et recherches dans un ouvrage au titre éponyme paru en 2019 aux Editions Tallandier.
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