Place à l’histoire maintenant car après avoir lu un ouvrage de géographie, mon métier d’enseignant en histoire-géographie me ramène toujours très vite vers des ouvrages d’histoire. Mon choix s’est alors porté sur le nouvel ouvrage de Jacques Julliard que viennent de publier les éditions Flammarion.
Jacques Julliard est un historien, ancien directeur délégué de la rédaction du Nouvel Observateur, éditorialiste à Marianne. Il est aussi l’auteur des Gauches françaises qui est devenu une référence en Histoire politique et intellectuelle.
Son dernier ouvrage, Allons-nous sortir de l’Histoire ?, regroupe des analyses publiées dans le Figaro accompagnées d’une introduction inédite. Dans son ouvrage, le travail du journaliste rejoint celui de l’historien pour dresser le portrait édifiant de la France d’aujourd’hui, mettant en lumière les démons qui l’assaillent et esquissant les défis qu’il lui reste à relever, sans oublier ce qui fait sa force : sa vocation à être la patrie de l’universel.
La France pourrait pour la première fois quitter la place qui fut toujours la sienne à l’avant-garde de l’Histoire. Pis que cela, si l’on en croit certains, il ne lui resterait plus qu’à méditer sur l’irréductible diversité de ses origines et sur les crimes qu’elle n’aurait cessé de commettre.
Cette vision lacrymale et pénitentielle de l’Histoire de la France n’est pas celle de Jacques Julliard. Il ne l’accepte pas. Pour lui, ce que nous vivons aujourd’hui n’est rien de moins qu’un changement d’époque. Au moment où s’affirment les grandes puissances régionales du monde de demain, l’Europe fait preuve d’une incroyable impuissance. La France, elle, se trouve être bien seule et démunie, en proie à des déchirements intérieurs. Or, elle n’a d’unité que dans son passé, d’avenir qu’en Europe, de raison d’être que dans l’universalité de ses valeurs.
A la lecture de cette ouvrage, on se rend compte que les analyses de l’octogénaire sont d’une finesse diabolique, fruit de son statut de témoin privilégié de l’évolution politique de la France depuis 50 ans, d’autant plus qu’il l’a vécu en tant que syndicaliste, historien et journaliste.
La première partie, extrêmement pertinente est une radiographie du macronisme. L’auteur s’interroge sur ce qu’est le macronisme. Un centrisme ? Un néo-gaullisme ? Un Saint-Simonisme ? Ou bien un Césarocentrisme ? Il s’intéresse ensuite aux fragilités du macronisme.
Dans un second temps, Jacques Julliard nous propose une radioscopie de la Gauche. Il nous montre la crise intellectuelle qui la secoue, sa division qui fait le jeu du front national et son abandon dans la bataille des idées.
Un troisième temps est consacré à une radioscopie de l’Islamo-Gauchisme en commençant par analyser ses sources, en nous expliquant qu’il s’appuie sur la haine de l’identité française. Un chapitre très intéressant porte sur la religion et la laïcité, un autre est consacré à l’identité littéraire de la France au travers de la lecture, de la langue française et autour de Jean D’Ormesson.
L’ouvrage se termine par une analyse des différentes familles intellectuelles de la France. L’auteur se pose de nombreuses questions et tente d’y répondre. Comment peut-on être conservateur ? Comment peut-on être progressiste ? Comment peut-on être populiste ? Comment peut-on être démocrate ? Et surtout, comment peut-on ne pas être européen ?
Alors du coup ? Allons-nous sortir de l’histoire ? C’est au final à sa question principale que l’historien répond au travers de cet ouvrage particulièrement érudit qui s’appuie sur des analyses pertinentes de notre pays, agrémentés d’exemples nombreux et précis qui éclairent parfaitement les propos de l’auteur. |