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Centre Pompidou  (Paris)  Du 5 octobre 2005 au 9 janvier 2006

DADA. Enfin ! Depuis 40 ans aucune exposition n'avait repris cette thématique. Il faut donc rendre justice au Centre Pompidou d'avoir eu cette initiative en présentant de surcroît une exposition particulièrement riche puisque qu'il y produit la quasi totalité de sa collection la matière.

Et elle se positionne en satellite de l'exposition Big Bang, grande rétrospective de l'art moderne, en tant qu'elle illustre l'effervescence créatrice qui naît du refus des valeur et normes jusque là reconnues et prône l'anti-art.

Une exposition dense et, pour utiliser un terme à la mode, "multimédia" en ce qu'elle est pluridisciplinaire, qui regroupe aussi bien l'écrit, la peinture que le son et le collage, à l'image des dadaistes qui furent particulièrement prolifiques, dont la scénographie appelle quelques commentaires.

En effet, celle-ci s'organise autour d'une grille constituée de cellules évoquant le jeu d'échecs, cher à l'iconographie DADA, pour en restituer l'esprit ludique.

Cependant, en pratique, sans aller jusqu'à l'anathème lancé par Yann Kerninon qui écrit dans Libération  : "Rendre vraiment hommage à Dada, c'est incendier Beaubourg, le transformer en foire à la saucisse, avec le directeur ivre mort au milieu des marchands", il faut reconnaître que, pour le néophyte, l'immersion dans l'univers DADA, qui résiste au cartésianisme, ne se fait pas sans quelques difficultés.

A défaut de points communs, ces petites salles constituent, davantage que les cases du jeu d'échecs, autant de morceaux d'un puzzle qui serait pluridimensionnel et qui se déclinerait en autant d'images que de visiteurs.

Et c'est là que, finalement, cette scénographie a l'avantage de son inconvénient en illustrant combien le collectif DADA était inclassable, notamment sous le vocable de mouvement artistique, tant par la thématique, la chronologie ou la discipline.

De plus, elle démontre aussi qu'une telle attitude fondée sur la négation absolue s'imposait des limites, et des dogmes, dogmes synthétisés dans le fameux Manifeste DADA de 1918 de Tristan Tzara sans doute tout aussi étroites que celle de l'académisme de l'art bourgeois et qu'à défaut d'évolution c'est la mort.

Au demeurant Dada n'a duré que quelques années, l'inévitable structuration du rassemblement, structuration qui était en contradiction même avec le concept dada, et le rassemblement de personnalités fortes et singulières, réunies par le plus petit commun dénominateur qui était une révolte contre les valeurs artistiques de l'époque, conduisit inéluctablement à son éclatement. DADA a été enterré en 1924 par un autre manifeste émanant de ses dissidents, le manifeste du Surréalisme d'André Breton.

Entre temps, pendant six ans, la production DADA a été florissante et prolixe et essaima dans l'Europe entière revêtant même un caractère très politisé en Allemagne où où se déroulera la fameuse Foire DADA de 1920 qui fit scandale et où déjà en 1917 John Heartfield et Rudolf Schlichter exposaient un mannequin à tête de porc suspendu et habillé en officier allemand, avec une tête de porc, portant au cou une pancarte : "Pendu par la révolution".

Né pendant les boucheries de la première guerre mondiale dans le petit creuset du Cabaret Voltaire, bien abrité en Suisse, d'artistes apatrides ou exilés, issus souvent de classes sociales aisées, DADA a pour mot d'ordre le rejet de tout et de son contraire comme une immense et tardive crise de puberté qui se manifesterait par une hyperactivité créatrice se déclinant surtout sous forme de "happenings" et d'écrits logorrhéiques.

Même si Dada se veut et s'érige en anti art spontané, on constate, selon la tautologie "Rien ne naît de rien", qu'il emprunte largement aux diverses écoles existantes, comme le futurisme ou le cubisme, et aux performances du contre-salon Les Arts Incohérents dirigé par Jules Lévy à la fin du 19ème siècle.

En France, DADA a réuni deux artistes majeurs, Marcel Duchamp et Francis Picabia, auxquels se joindront Jean Arp et Sophie Taeuber-Arp et les animateurs de la petite revue Littérature (André Breton, Louis Aragon, Philippe Soupault et Paul Éluard).

A l'étranger, le figures de proue sont à Berlin (Richard Huelsenbeck, Raoul Hausmann, Georges Grosz, John Heartfield), à Hanovre (Kurt Schwitters qui créera Merz un clone de DADA) et à Cologne (Marx Ernst, Johannes Baargeld).

L'exposition illustre parfaitement ce qu'a été DADA.

La prééminence de l'écrit :

L'écrit s'avère le domaine de prédilection d'intervention des artistes DADA.

Qu'il sagisse de l'écrit stricto sensu avec les textes autographes, revues, manifestes, partitions, affiches et petits tracts ("papillons dada") ;

Qu'il s'agisse de l'écrit comme élément de l'œuvre telles les photos détournées et les cartes postales retouchées (Man Ray, Sophie Taueber-Arp) ;

Ou que l'écrit apparaisse comme matière et matériau à travers les inventions typographiques et les jeux calligraphiques (Kurt Schwitters).

 

La peinture malmenée

DADA conteste la peinture et la repense totalement.

Si les toiles abstraites de Sophie Taueber-Arp sont encore des toiles peintes, la peinture va vite s'allier au texte avec Picabia, prendre des allures expressionnistes avec George Grosz ou être déposée sur du bois par Jean Arp.

 

 

 

 

 

 

Par ailleurs, DADA affectionne Les photomontages (de Haussmann et Heartfield) et les collages (de Kurt Schwitters et Hannah Höch) qui utilisent tous les matériaux autres que la peinture en tant qu'élément essentiel.

La machinerie désacralisée...

En ce début de siècle qui voit l'essor de la machine et sacralise le progrès, DADA sans être passéiste anticipe les effets pervers de sa toute puissance. En réaction, la machine est désossée pour créer une oeuvre d'art ou son utilité est réduite à néant par la création de machines stériles.

... et la valorisation des formes industrielles :

L'objet manufacturé est érigé en oeuvre d'art par la seule volonté de l'artiste et Marcel Duchamp inventera les "ready made".

Ces objets sont utilisés en tant que tel ou dans le jeu des représentations comme l'égouttoir à bouteilles, la roue de bicyclette ou l'urinoir.

Une exposition incontournable et... attention, le temps passe vite !

 

"Que chaque homme crie : il y a un grand travail destructif, négatif, à accomplir. Balayer, nettoyer. La propreté de l'individu s'affirme après l'état de folie, de folie agressive, complète, d'un monde laissé entre les mains des bandits qui déchirent et détruisent les siècles…..Liberté : DADA, DADA, DADA, hurlement des douleurs crispées, entrelacement des contraires, des grotesques, des inconséquences : LA VIE." Manifeste DADA.

"Peut-on faire des oeuvres qui ne soient pas des oeuvres d'art?" Marcel Duchamp

Crédits photos : Thomy Keat
avec l'aimable autorisation du CNAC.


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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
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Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
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"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
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Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

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"Marilu" de Sandrine Dumas
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"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
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Lecture avec :

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