Drame de Victor Hugo, mise en scène de Yves Beaunesne, avec Thierry Bosc, François Deblock, Zacharie Feron, Noémie Gantier, Fabienne Lucchetti, Maximin Marchand, Guy Pion, Jean-Christophe Quenon, Marine Sylf et les musiciennes Anne-Lise Binard et Elsa Guiet.
Devant l'impressionnante façade du château, un vaste plan incliné d'un bleu défraîchi et des roues en bois de part et d'autre de celui-ci (splendide scénographie de Damien Caille-Perret). Nous sommes en Espagne à la fin du 17ème siècle.
Don Salluste, ministre déchu et exilé par la reine, trame une machiavélique vengeance en faisant entrer au château son valet Ruy Blas sous l'apparence de son cousin, le bourlingeur Don César de Bazan.
Soudain, les portes du palais s'ouvrent et c'est la jeune reine qui en jaillit. Délaissée par son mari Charles II, celle-ci s'ennuie loin de son Allemagne natale. Et Ruy Blas en est tombé instantanément amoureux.
Dans le cadre des Fêtes nocturnes de Grignan (qui existent depuis plus de 30 ans), Yves Beaunesne investit ce décor naturel unique, perché en haut du village de la Drôme provençale pour monter "Ruy Blas", drame romantique de Victor Hugo (publié en 1838), avec une équipe de douze comédiens, chanteurs et musiciens exceptionnels.
Et disons-le tout de suite, le pari de réaliser dans ce cadre d'architecture Renaissance, un grand spectacle flamboyant et populaire, est largement réussi. Yves Beaunesne a réussi le mélange de drame et d'humour, utilisant au mieux le lieu et créant des scènes de toute beauté.
Les costumes sublimes de Jean-Daniel Vuillermoz contribuent grandement à des images marquantes semblant sorties d'un tableau de Le Greco ou Vélasquez comme la première apparition de la reine (avec une robe qui fait s'extasier une bonne partie du public) ou le conseil représentés par des robes rouges aux têtes d'animaux féroces (masques bluffants d'Isabelle Kretschmar).
Et que dire des comédiens ? Ils sont tous plus réjouissants les uns que les autres. Thierry Bosc est perfide à souhait en Don Salluste, Fabienne Lucchetti et Guy Pion, cocasses en Duchesse d'Albuquerque et Don Guritan.
Zacharie Feron montre une grande maîtrise corporelle et d'irrésistibles mimiques en laquais Gudiel tandis que Jean-Christophe Quenon est un aussi formidable que truculent Don Cesar. Sans oublier Théo Askolovitch, Maxime Marchand, Marine Sylf et les remarquables musiciennes Anne-Lise Binard et Elsa Guiet.
Quant à Noémie Gantier, elle incarne une reine aussi fragile que désespérée. Totalement Incandescente. Elle lâche parfois un peu les chevaux et fera s'arracher les cheveux aux puristes d'Hugo (et des alexandrins) mais le moins qu'on puisse dire est que son interprétation ne manque pas de caractère... Et sa scène finale apporte enfin l'émotion qu'on lui espérait.
Enfin, François Deblock est un merveilleux Ruy Blas. Profond, juste, plein de fougue et de panache, son interprétation touche au coeur et donne à ce personnage intègre face au pouvoir corrompu un allure terriblement actuelle.
Un grand et beau spectacle où les vers d'Hugo joués avec passion, mêlés à la musique jouée et chantée en direct de Camille Rocailleux dans la mise en scène inspirée d'Yves Beaunesne composent une éblouissante réussite. |