"Le freak c'est chic !" se dit-on à l'entrée de la Cigale... L'affiche a de quoi séduire. Il a de beaux restes le Bortek. Et crée l'événement en ce début d'hiver, froid comme la cold wave des débuts. Période Cellar Dreams. "The times they are changin'" disait l'autre, deux décennies sont passées et La Cigale fait encore salle comble pour l'un des derniers dandys parisiens coincé entre deux rêves.
Les rêves, il en est bien question dès la première partie, assurée par Die Puppe.
La question vitale de l'intérêt des premières parties ayant déjà été posée précédemment par votre serviteur, il convient de dire que le hors d'œuvre servi par le trio français a de quoi mettre en appétit les plus réfractaires.
Die Puppe, du rock gothique, baroque. Une musique définitivement dark qui d'écoute comme elle s'entend, portée par la beauté d'un chanteuse défiant le froid…Des relents de PJ Harvey dans la voix, et le rock onirique sous le coude, Die Puppe surprend et entraîne la foule.
Et tant pis pour le brin d'amateurisme dans les poses, Puppe n'est pas gonflante et va jusqu'à se fendre d'une reprise de "I wanna be your dog" touchant de sincérité. Le cuir et la jarretière aidant, on écrase son mégot et applaudissements. Clap Clap Clap. Lever de rideau et frissons. Stupeur et tremblements. L'idole de toute une génération.
Sur le beat qui dure apparaît lentement. Bortek. Denis au civil refait surface comme à la Boule Noire voila un an.
Devant un parterre de gens aussi freaks qu'un bordel rue St Denis. On retient son souffle et l'on découvre "The wind goes" en catimini, ballade travestie par un chanteur qui ne l'est pas moins.
Lumière tamisée et ambiance de cabaret. La voix est là, faisant étrangement penser à celle d'un autre trans', Amanda Lear.
Sexuelle et chaude. Jad Wio reste fidèle à son image. Romantique en diable, Bortek enchaîne, le cul coincé dans la jupe comme un jouvenceau. Si le nouveau Jad Wio séduit, le chanteur envoûte et rappelle le temps d'un "Fleur de métal" que le Glam rock à la française peut se jouer tête haute et sans poussière.
Sur scène, Nu cle air pop n'a donc pas à rougir de ses aînés ; "La nuit venue" et "Volte mort" s'en sortent avec les honneurs, montrent que Bortek n'est pas mort. Le poète dandy itou.
Changement d'ambiance et apparition du guitar hero, rappelant étrangement le plus rock critic d'entre nous, Patrick Eudeline. Show électrique en duo et meilleur moment d'un concert qui n'en finit pas.
Un concert qui transpire et sent le sexe, la voix n'est pas ridée, les traits pas fatigués.
Le temps n'a pas de prise sur les dandys. Dorian Gray du siècle nouveau, Bortek reste le plus beau des freaks. Les fleurs de métal, elles, ne se fanent pas… |