Monologue satirique inspiré par l'oeuvre de Henri Guillemin, adaptation et interprétation par François Piel-Julian dans une mise en scène de Lucas Gonzalez.
Depuis quelques années, les "conférences historiques" sont de retour dans les théâtres. Olivier Barrot, Maxime d'Aboville, Frank Ferrand et autres Lorant Deutsch perpétuent une tradition que Sacha Guitry porta même au cinéma avec son "De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain".
Le plus souvent, les conférenciers, talentueux et charismatiques, sont de la même tendance historique, pour ne pas dire politique ou journalistique. Bien sûr, ils ne reprendraient pas intégralement le titre ci-dessus de Sacha, mais remplaceraient PP par le général de Gaulle ou Simone Veil pour les plus progressistes.
Dans "De Judas à Manuel Vals", François Piel-Julian s'inscrit dans une autre tendance, nettement plus rouge et noir. Aux braves garçons lecteurs du "Figaro", succède un enragé abonné au "Petit Anarchiste" ou au "Grand Soir" et sa source historique n'est plus Jean d'Ormesson, mais le grand Henri Guillemin.
Ceux qui auront la curiosité d'aller voir sur "You Tube" ses émissions à la "Alain Decaux" qu'il tournait pour la télévision suisse romande verront de quel bois se chauffe François Piel-Julian. Les autres pourront aussi se procurer le coffret DVD "La Commune" parue aux Mutins de Pangée où Guillemin déploie toute sa verve contre les puissants.
Pour trancher avec ses collègues derrière leurs bureaux Louis XV, François Piel-Julian a instauré une scène assez "foutoir" avec une insignifiante petite table branlante. Ses papiers censés contenir sa conférence sont froissés et fort douteux. Lucas Gonzalez, son metteur en scène, a eu la bonne idée d'en faire un conférencier agité, toujours en mouvement, parfois en équilibre aléatoire sur un petit banc.
Habillé plus instituteur de la Troisième république que futur académicien français, François Piel-Julian réussit l'impossible pari de faire rire (et aussi d'émouvoir) en parlant de la Terreur ou de la Commune.
Il faudra lui tirer l'oreille car il est si passionné par ces deux périodes honnies par Deutsch, Bern et Ferrand qu'il en oublie de traiter le sujet Vals. On est déçu de ne pas avoir plus de quelques piques contre Manu le néo-Barcelonais.
Tant pis, c'est historiquement très instructif, à contre-courant de l'histoire dominante. Pas question pour François Piel-Julian de faire pleurer sur le petit Dauphin du Temple ou sur sa maman autrichienne. Non, il est au service du peuple des anonymes souvent fusillés ou canonnés. Sa bonne fois, qu'il a mauvaise, le fait s'indigner ou citer Jaurès et Bernanos.
Si l'on aime rire (et pas seulement) intelligent, ce grand gaillard excité, qui a le talent postillonnaire de Jacques Brel (ne pas se mettre au premier rang donc), est à consommer sans modération. Lui dirait avec révolution. |