David : J’apprécie particulièrement les débuts de journée en festival. Lorsque tout le public n'est pas encore arrivé mais que ceux qui sont là sont des curieux. Les plus belles découvertes musicales se font à ce moment-là. D'ailleurs, c'’est devant un public très clairsemé que le groupe caennais, Embrasse-Moi, a joué son indie pop. Parfait pour commencer cette quatrième journée avec un set finissant même sur une note disco ("club").
Ensuite, ce sont les parisiens de Rendez-Vous qui n'hésitent pas à puiser leurs influences dans la cold wave et la musique électronique pour faire valoir leur son très eighties. C’était une réussite sur disque et ça l’est encore plus scène. Pour moi, c'est une des meilleures prestations de ce quatrième jour. Le groupe a une vraie présence scénique avec un son qui tabasse.
Laurent : En milieu d'après-midi, sous le soleil et dans la chaleur, moi, je découvre le post punk de Rendez-Vous. Hargneux, énervé, sombre, le combo parisien ne s'en laisse pas conter et à aucun moment ne relâche la pression. Bonne façon de débuter cette dernière journée sur les chapeaux de roue.
J'attendais beaucoup du Suédois Bror Gunnar Jansson qui avait été coup de cœur blues de l'Académie Charles-Cros en 2014. Grande fut ma déception devant l'attitude renfermée et boudeuse du bluesman venu du froid. Pento sur les cheveux, tout de blanc vêtu, il n'interprète aucune chanson qui accroche véritablement plus que la précédente. Un concert que je qualifierais de linéaire.
David : Il multiplie les dates en France notamment grâce à une collaboration avec le producteur de spectacles Radical Production. Ma curiosité s’est vite éteinte car au bout d’un moment, le set était vraiment barbant avec de longs moments de réglages entre les morceaux. À retenter éventuellement en petite salle.
J'avais découvert Jeanne Added à Beauregard en 2016. C’est en artiste confirmée qu’elle revenait cette année avec une orientation musicale nouvelle tournée vers une l’électro pop / rock. Sur scène, cette nouvelle orientation musicale électro est parfaitement maîtrisée. Radieuse et énergique, Jeanne Added a confirmé tout le bien qu’on pensait d’elle.
Laurent : Arrivée sur le site la veille, elle en a profité pour aller assister à quelques concerts comme elle l'avait expliqué en conférence de presse. Personnellement, je suis surpris de l'engouement populaire autour de son concert. On remarque beaucoup de familles avec les enfants sur les épaules. Je vois beaucoup de qualités à sa musique et sa performance, mais j'avoue rester totalement hermétique à l'esthétique de son projet.
Ensuite, ce fut le grand vide avec PLK.
David : PLK est présenté comme le nouveau prodige du rap français. A Beauregard, il est surtout venu contester à Columbine le statut du plus mauvais concert du festival. Du rap sans intérêt aux productions inexistantes. Il a fait monter plein de collègues sur scène aussi mauvais les uns que les autres. Désastreux !
Chan Marshall est arrivée sur scène, dans une robe de velours noir un mug de thé à la main (et oui !). Entourée notamment de la française Adeline à la guitare et du guitariste-bassiste et pianiste Erik. Elle a immédiatement réussi à nous happer, et pourtant on craignait sa réputation scénique catastrophique. Elle a su délivrer un moment de grâce et d’émotion. Elle glissera même à la fin de légers "je t’aime" au public. La réciproque est vraie.
Laurent : Il y a un peu plus de 20 ans, je la découvrais à la Cité de la musique de la Villette. C'était pour l'album Moon Pix, je suppose. Ce concert avait été une telle purge que je m'étais juré de ne jamais la revoir sur scène. Et Moon Pix est le dernier album que j'ai écouté d'elle. Difficile donc pour moi de parler de ce concert à Beauregard, puisque je ne connaissais aucune chanson de la setlist, si ce n'est le début de "Into My Arms" de Nick Cave repris en cours de set. Le concert ne m'a pas semblé désagréable, il n'a néanmoins pas suffi à me réconcilier avec Chan Marshall.
Ce fut par contre, ensuite, avec grand plaisir que je découvrais Tears for Fears sur scène, ne les ayant jamais vus auparavant. Les tubes s'enchaînent, de "Everybody Wants To Rule The World" à "Shout" en passant par "Seeds Of Love", "The Hurting" ou "Mad World", plus une reprise inattendue, et plutôt réussie, de "Creep" de Radiohead. Roland Orzabal et Curt Smith, qui écument tous les festivals français cet été, semblent véritablement heureux de retrouver la scène. Ça tombe bien, le public l'est tout autant.
Il m'est arrivé avec Interpol la même mésaventure qu'avec Catpower. Vus à la Route du Rock en 2001, j'avais trouvé leur concert horriblement pompier et pataud. Je ne me suis donc jamais intéressé à nouveau à ce groupe jusqu'à cette édition de Beauregard.
Les retrouvailles furent néanmoins plus agréables qu'avec Catpower. Sans être emballé par le son des américains, j'avoue ne pas m'être ennuyé. Paul Banks et son groupe sont allés chercher le public et l'ont fait bouger. Dois-je prendre personnellement ce "If You Really Love Nothing" interprété en début de set ?
En toute fin de festival, Disclosure a assuré un set vigoureux qui clôturait ainsi une édition 2019 très marquée par la variété rap pour ados.
David : Beauregard 2019 est terminé. Cette 11ème édition a été un succès avec 108.000 festivaliers. On a souvent maudit pendant les 4 jours la programmation avec son orientation commerciale et un trop grand rajeunissement du public. Il faut toutefois reconnaître que les organisateurs ont encore réussi à faire un superbe grand écart entre musique populaire et le plus exigeant. C’est cet équilibre dans l’éclectisme musical qui fait le charme de ce festival. Il faut penser à le préserver.
|