"Vous êtes tout en couleur ce soir avec vos imper’ !" Merve Dasdemir, Altin Gün.
Rock, imper et bottes de pluie de rigueur pour le vendredi 16 août. Des trombes d’eau tombent pendant le set du projet de White Fence. La caméra revêt sa housse de protection anti-pluie. Les quatre notes de synthé de leur premier morceau "I Had to Feed Larry’s Hawk" nous envoûtent comme une ritournelle inquiétante. Timides, Tim Prestley et ses quatre acolytes dandy, enchaînent clope sur clope. Ils se détendent au fur à mesure que la pluie se fait plus discrète.
Une voix à la David Byrne sur "Neighborhood Lights". Des sons et mélodies parfois garage pop 60’s sur "Forever Chained", parfois psyché sur "Live on Genevieve". Quelques expérimentations Barretiennes et nonchalantes.
Peu loquace, Tim Prestley tente un "Vous vous en sortez avec la pluie" ? Arf, pas bien eu le choix ! A la fin du set, les cinq membres font des avions de leurs setlists pour les lancer dans le public. Voilà qui les rend quelque peu plus sympathiques !
Les très attendus turco-néerlandais Altin Gün prennent le relais sur la même scène une demi-heure plus tard. "Vous êtes tout en couleur ce soir avec vos imper !" lance Merve Dasdemir la chanteuse. Elle aussi est tout en couleur avec son sourire communicatif et sa robe blanche à fleurs rouges.
Entre guitare fuzz et saz (luth traditionnel à manche long), leur musique est un métissage entre rock 70’s et mélodies anatoliennes. Les voix ensorcelantes de Merve Dasdemir et d’Erdin Yildiz Ecevit enflamment le public sur les morceaux groovy "Yolcu", "Goca Dünya", "Supurgesi Yoncadan". La foule ondule, danse, se bouscule, quelques téméraires tentent un slam sous les yeux étonnés du groupe ! Un vrai rayon de soleil au milieu de cette soirée pluvieuse.
On change radicalement de style sur la scène des remparts. Le quatuor londonien Crows porte bien son nom : tout de noir vêtus, il semblerait qu’ils aient enregistré leur premier album Silver Tongues dans l’obscurité, concept quoi ! Les protégés de Joe Talbot d’Idles (ils sont sur son label, Balley Records, et ont même assuré la première partie d’Idles à guichet fermé en avril dernier) assènent des riffs de guitare lourds et crasseux. La puissante section rythmique fait le boulot. On pense à Black Angels croisés avec du post punk. La dégaine du chanteur, James Cox, n’est pas sans rappeler celle d’Ian Curtis. Il ne tient pas en place, et le grand bonhomme possédé, part dans le public hurler ses tripes le micro à la main ! Un groupe à voir en live !
Le groupe révélation du festival, c’est Crack Cloud. Ils avaient tourné en France au printemps dernier et les potes en parlaient de-ci de-là. Trois guitaristes, un guitariste / saxophoniste, un claviériste, un bassiste sont réunis autour du batteur / chanteur Zach Choy posé au milieu de la scène. Telle une micro-société guerrière, les jeunes canadiens arborent fièrement une peinture tribale sur le visage. Les 7 membres du collectif de Vancouver réussissent à électriser tout un public dans une sombre transe effrénée sur "Image Craft". La no-wave de James Chance et le post-punk de Gang of Four ne sont pas très loin, le flow hip-hop non plus. Mention spéciale pour la noirceur enivrante de "Drab Measure". Zach Choy scande ses textes dans une hargne contenue, ses complices lui ripostent avec la même puissante sincérité. Leur prochain EP s’intitule The Next Fix. Totalement addict, on en reprendra volontiers !
La surprise, c’est 2 many Djs qui remplace Beirut in extremis. En guise d’introduction, les deux frères balancent un " I wanna be your dog" sur des beats electro. La formule est efficace : le public rock s’approche. "Vous voulez danser avec moi ?" nous propose notre voisin. Les samples s’enchaînent pour ce blind test géant aux allures de dancefloor. On reconnaît la mélodie de synthé de "Girls" des Beastie Boys, "I feel love" de Donna Summer, "Pump up the Jam" de Technotronik, le "Blue Monday" de New Order, puis Prodigy, Frankie Goes to Hollywood, LCD Soundsystem... Un clin d’œil est fait au festival puisque le duo mixe des morceaux de groupes présents pour cette 29ème édition de La Route du rock avec notamment l’époque electro-rock de Hot Chip et leur tube "Are you ready for the floor" ou encore "Let it happen" de Tame Impala. La boucle est bouclée !
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