Monologue dramatique écrit par Vincent Fernandel et Elisa Ollier interprété par Elisa Ollier dans une mise en scène de Samuel Sené.
C'est depuis la cave de ses grands-parents qu'Anna se confie en vidéo à destination de son amoureux Jordan qu'elle a malencontreusement poussé dans le vide et envoyé à l'hôpital où il se trouve dans le coma.
Mais c'est aussi à son papy qu'elle s'adresse, le seul dans sa famille qui trouve grâce à ses yeux et qui a pris la place de son père, adjudant-chef qu'elle déteste.
Assise sur une chaise, de trois quart pendant toute la première partie, Anna se déplace enfin par la suite pour continuer à s'adresser à des interlocuteurs, réels ou plus probablement fictifs...
Auteur et interprète d'"Anna attend l'amour", Elisa Ollier propose un univers indiscutablement singulier, mélange de comique et d'angoisse, révélant au fil du récit, la face inquiétante de son personnage, mélange de frustrations et d'amour brisé.
Avec ce texte sarcastique et délirant écrit avec Vincent Fernandel, elle s'est avant tout élaboré une partition dont l'intérêt premier est de montrer sa palette de comédienne et c'est peu dire que sur ce point, c'est réussi.
Composant un personnage schizophrène au dernier degré, d'une cruauté infantile qu'on devine issue de traumatismes familiaux, elle repousse progressivement les limites du politiquement correct pour finir dans un maelström cataclysmique.
Le texte, inégal, est porteur d'une vraie ambiance et laisse néanmoins entendre quelques perles dignes d'un Raymond Devos ainsi qu'une belle musicalité que la comédienne, admirablement dirigée par Samuel Sené, met remarquablement en valeur, assortie d'une gestuelle adéquate et précise.
Alors que la corde est un mot maudit au théâtre, Elisa Ollier pas superstitieuse pour un sou, s'en entoure dans la scénographie où elle s'amuse à les accumuler jusqu'au fil du téléphone (ou plutôt des téléphones) dans ce décor de cave à l'ambiance de bateau qu'un gouvernail en bois ou des noeuds marins symbolisent.
Des paravents translucides permettent le changement d'espace dans la seconde partie. Et à la comédienne de "lâcher les chevaux". Tout en montrant son petit grain de folie...
Pour peu qu'on parvienne à rentrer dans cet univers trash et déjanté, on appréciera l'humour noir qui s'en dégage mais surtout on découvrira les formidables qualités de comédienne d'Elisa Ollier qui avec ce personnage d'Anna se fait assurément plaisir (elle fait bien car elle est étonnante). Et le spectateur sera forcément bluffé par la performance. |