Comédie dramatique d'après le roman éponyme de Marguerite Duras, mise en scène de Gérard Elbaz, avec Martine Thinières et Stéphane Valensi. Un square, un homme, une femme, et une conversation entre ces deux inconnus, tels sont les situation et intrigue de la partition dramatique "Le Square" issue de l'opus éponyme écrit par Marguerite Duras.
Elle met en présence, dans une dynamique considérée comme retraçant la naissance d'un amour, deux personnages d'"invisibles"dont les points communs sont leur origine modeste et le fait d'être célibataire et isolé sans domicile personnel, elle vivant dans la demeure bourgeoise où elle est employée comme bonne à tout faire, lui colporteur, voyageur sans bagage se contentant d'une chambre d'hôtel, et leur chiche petite vie.
Mais leur ressenti est diamétralement opposé tout comme leur engagement dans un projet de vie tenant notamment à leur différence d'âge : lui, la cinquantaine, qui semble libre comme l'air choisissant ses destinations, se satisfait de cette situation alors qu'elle, dans la jeunesse, déteste son état ancillaire qui la cloue telle une chèvre à son piquet dont elle veut absolument sortir par le mariage avec pour but l'idéal commun féminin des années 50 constitué par la trinité mariage-enfants-pavillon de banlieue.
Le remarquable de la partition tient à la manière dont Marguerite Duras use, pour traiter du vide et de l'angoisse existentiels, du ton de la conversation de salon quasi philosophique pour l'appliquer de manière paradoxale, et donc peu réaliste, à des plébéiens et à l'argument qui ressort à la comédie romantique "old school" pour midinettes.
Et cela avec une abondance des dialogues concaténatoires pour arriver au but de la jeune femme qui, après avoir subtilement interrogé l'homme pour savoir s'il était libre et potentiellement "intéressé", l'invite ouvertement à la rejoindre au bal du samedi soir prochain. Ce que met en évidence la mise en scène de Gérard Elbaz qui orchestre avec sagacité cette hybridation atypique avec des quasi "chabadabada" dans l'univers durassien.
Assis sur deux praticables perpendiculaires, scénographie minimaliste de Emma Depoid sous les lumières sans préciosité de Antoine Dubois, deux comédiens au jeu sensible rendent crédible cet échange par leur dramaturgie du corps.
Pour lui, Stéphane Valensi voix blanche et visage figé, et pour elle, Martine Thinières avec une gestion subtile de la juvénile et résolue ingénuité. |